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Le Média Star de l’Ile Maurice: Rencontre avec Dr Mustapha CHERIF

Le Média Star de l’Ile Maurice

Rencontre avec Dr Mustapha CHERIF

 

 

« L’Islam fait peur parce que certains musulmans manipulés sont irrationnels et violents »

 

Dr Mustapha CHERIF, est l’auteur de sept livres et d’une centaine d’articles sur les problèmes de culture. Penseur musulman, Dr CHERIF, que nous avons rencontré lors du pèlerinage à La Mecque, a accepté de répondre à quelques questions pour nos lecteurs. Il a la dent dure contre ceux qui se servent de l’Islam pour agresser. Lapidaire dans ses réponses, il n’hésite pas de dire que certains musulmans de nos jours donnent une mauvaise image de l’Islam.
Q : Qui est Mustapha CHERIF ?
R : Je suis un penseur musulman algérien, professeur d’université. Je me bats depuis une trentaine d’années pour présenter le vrai visage de l’Islam dans un monde en crise et favoriser le vivre ensemble. Je prefere l’amitié à l’inimitié. Donc, j’ai à la fois une expérience intellectuelle, politique, diplomatique. La mission dans laquelle aujourd’hui je m’adonne pleinement est celle du dialogue des religions, des cultures et des civilisations.
Q : Comment expliquez-vous la ferveur spontanée de ces 3,5 millions de pèlerins à La Mecque ?
R : Il se trouve que le plus grand rassemblement spirituel dans le monde est bien évidemment le Hadj à La Mecque. Il symbolise l’universalité, la diversité, les races. Tous les peuples, toutes les cultures se retrouvent dans ce pèlerinage. À La Mecque il y a une grande ferveur parce qu’aujourd’hui, de plus en plus de personnes dans le monde se rendent compte que donner un sens à la vie est essentiel. Et faire le pèlerinage, c’est revenir à l’essentiel. Revenir à l’origine et faire le voyage vers Dieu. C’est le voyage vers la vérité. Là où le cœur bat.
Que les âmes soient prises dans une dimension de ferveur c’est important parce qu’il y a du désespoir dans le monde. Il y a des problèmes d’ordre économique, culturel, politique et socioreligieux. Le pèlerinage permet de faire une coupure avec les soucis quotidiens et les problèmes du monde.
Q : C’est aussi une façon de se ressourcer ?

R : Vous avez raison, car le pèlerinage ce n’est pas fuir le monde, mais dépasser le monde et permettre à chacun de se souvenir que la vie est éphémère, passagère, et que l’essentiel réside dans une conduite vraie, dans un comportement digne. Le pèlerinage permet de faciliter tout cela. Un moment privilégié, celui de se retrouver à Arafat, le monde de la connaissance du Mystère, le Divin. Et ce jour-là, le Divin, Dieu lui-même descend. Le ciel est ouvert et Il écoute.

Q : L’islam est une religion de paix, de compassion. Pourquoi l’Islam est-il pointé du doigt et caricaturé dans le monde ?

R : Certains musulmans ne sont pas de bons musulmans. L’Islam est mal représenté par une infime minorité. Heureusement que la majorité reste paisible et tranquille. Il y a une partie qui trouble l’image de cette religion. Avant d’accuser les non-musulmans, il faut d’abord que nous fassions notre autocritique.
Nous avons 40% d’analphabètes. Nous sommes peu créatifs en matière scientifique et culturelle. Et plus grave encore, des groupes pratiquent la violence aveugle et désespérée.

Q : Mais n’est-ce pas que la violence c’est l’arme des faibles ?
 
 
 

 

R : Certainement ; mais rien ne peut justifier la violence aveugle qui tue des innocents sur les places publiques. Ces groupes qui pratiquent le terrorisme, ce sont des faibles face au terrorisme des grandes puissances qui terrorisent, envahissent, colonisent.Q : Pourquoi l’Islam fait peur ?
R : Il est une religion vivante, cela gène certains qui exploitent le terrorisme des faibles, les attentats du 11 septembre ont été la grande date symbolique. Donc l’Islam fait peur à cause des discours qui le prennent comme cible et  quelques groupuscules qui sont manipulés. L’Islam fait peur à cause des apparences qui s’attachent à la gestuelle comme le voile intégral.
L’Islam fait peur parce que certains de ses adeptes sont irrationnels et violents. Donc nous apportons de l’eau au moulin de tous les racistes, les xénophobes et islamophobes par des comportements qui font peur aux non musulmans. L’Islam n’a jamais été une religion violente.
Depuis la chute du mur de Berlin et la fin de l’empire soviétique, le système dominant occidental s’est inventé un nouvel ennemi. Après l’ennemi rouge, ils ont inventé l’ennemi vert, qui est le musulman. Jamais le monde n’a été aussi injuste et inégalitaire. Aujourd’hui, il y a une absence de connaissance réelle de l’Islam. Autant que chez des musulmans que chez les non musulmans.
Q : Que faut-il faire pour mettre un frein à tout cela ?
R : Il faut que nous travaillions à l’interconnaissance. Il faut corriger nos actes et nos paroles pour ne pas nous exposer et donner l’occasion aux ennemis de l’Islam de nous critiquer.
Il faut informer l’opinion publique internationale sur les mauvais systèmes dominants, et il faut qu’à l’école et dans les médias on fasse un effort pour présenter le vrai visage de l’Islam parce qu’aujourd’hui, trop de dérives sont perceptibles.
Q : Pourquoi le monde musulman est-il si divisé et n’arrive pas à s’unir au nom de l’Islam ?

R : Parce que justement l’ennemi extérieur, les dominateurs, divisent pour mieux régner. Ils ont tous des intérêts dans des pays arabes. Il faut résister aux envahisseurs d’une manière intelligente.
Il faut faire de la résistance, comme le disait le Saint Prophète, d’une manière juste et non pas par tuer des innocents ou s’enfermer. Il faut éduquer les musulmans. La culture c’est l’arme de notre temps. C’est la guerre contre l’ignorance et le savoir. Il faut s’investir pour éduquer, cultiver, instruire les jeunes afin qu’ils soient bien armés intellectuellement pour s’unir.
Il faut qu’on leur donne les moyens de discernement, du raisonnement, de la culture, de la réflexion, du travail et de l’espérance, pour qu’ils ne soient pas endoctrinés par les extrémistes qui viennent donner une version hermétique et tronquée de l’Islam.

Q : Il y a de l’espoir pour une religion qui s’affirme et qui sera la civilisation de demain ?
 

 
 

 

R : Absolument. L’Islam est au dessus de tout. L’espoir est là, vivant dans nos cœurs. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, et le croyant musulman ne peut qu’être habité par l’espérance et la confiance parce qu’il sait que Dieu est au-dessus de toutes les manœuvres et de tous les complots, des méchancetés et bêtises humaines. Dieu guide à sa lumière qui illumine. Je profite pour envoyer mes salutations les plus sincères aux lecteurs du STAR, à tous les musulmans et non-musulmans de l’île Maurice.
Ayez confiance, car l’humanité peut arriver à dépasser toutes les différences de race, de classe, de culture, de langue dans toutes les formes de diversités. Tout homme peut recevoir la baraka et la grâce du Seigneur.Propos recueillis par RAHIM MURTUZA pour le Média  STAR de l’Ile Maurice
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 

   

 

 

 

Master international en islamologie

Master international en islamologie
Diffuser le savoir
Par Mustapha Cherif

La crise du savoir est profonde. L’incertitude règne. Les universitaires à travers le monde souffrent du cloisonnement de leurs disciplines. Une discipline en particulier est en recul, alors que les enjeux sont majeurs: l’islamologie. La culture générale au sujet de la religion et civilisation islamiques reste faible, même en terre d’Islam. Cela fait le jeu des dérives, des manipulations et de la désinformation. L’intégrisme et l’islamophobie ont surtout pour source l’ignorance. Les établissements traditionnels d’Al Azhar aux instituts de formation islamique à travers les pays musulmans, n’arrivent pas à répondre aux évolutions et aux défis d’un savoir adapté. 

Faire reculer l’ignorance


En Occident, la méconnaissance au sujet des musulmans est immense. Alors que l’Europe est actuellement frileuse et se laisse traverser par le populisme et le sentiment antimusulman, une université espagnole à Barcelone, dénommée Ouverte de Catalogne, a ouvert un Master international d’Etudes islamiques et arabes par Internet pour tenter de faire connaitre le vrai Islam. Pays de la symbiose entre cultures méditerranéennes, terre catalane éprise d’interculturel et de vivre-ensemble, Barcelone donne l’exemple.


Ce master interdisciplinaire vise à enseigner la ligne médiane de l’Islam, sous des angles différents. Il a pour but de former à des compétences multiples, à prendre du recul, critiquer de manière constructive, sortir de l’apologie ou du dénigrement, articuler des connaissances d’horizons différents. Il s’agit de concevoir l’unité de ce qui était confondu, opposé ou disjoint, et de constituer un nouveau schéma cognitif, un savoir interdisciplinaire, polydisciplinaire et transdisciplinaire, qui permettent de créer l’échange, la coopération, la polycompétence, l’aptitude à nuancer et saisir la singularité, comme le sens de l’Islam, cet inconnu, compte tenu de la complexité des problèmes et des points d’aveuglement de chacun.


Une interconnexion des paradigmes des sciences de la société, de la théologie et de la nature est visée. En Islam, le rapport nature-culture est central plus que celui du binôme profane-sacré. Assurer la clarification et la circulation des concepts en jeu et enseigner les différents modes de leurs déconstructions dans un langage du présent, pour découvrir de nouveaux éclairages insoupçonnés, rapport entre le tout et la partie, sont parmi les buts d’un enseignement pluridisciplinaire nouveau, comme le master interdisciplinaire d’Etudes islamiques et arabes, créé il y a 2 ans, en langue française, à cette prestigieuse Université Ouverte de Catalogne, première université européenne par Internet.

Ce master contourne la clôture disciplinaire et l’ethnocentrisme, en s’appuyant sur l’affirmation d’Averroès: «La vérité (de la foi) ne saurait être contraire à la vérité (de la raison).» C’est un master d’islamologie ouvert sur les enjeux du monde contemporain en apportant la connaissance de la religion et civilisation musulmanes. On découvre le Coran, le Prophète, le droit islamique, le fiqh, le soufisme, la sociologie des musulmans, les droits humains en Islam, l’économie islamique…sous un regard neuf et universel. 

Favoriser le débat


Le savoir prodigué n’ignore pas la confrontation particulière et les débats entre des universaux élaborés respectivement ou conjointement par l’Occident et l’ensemble arabo-islamique, l’un et l’autre ouverts à plus d’un devenir commun possible.
Se mettre dans l’axe de l’autre c’est par exemple comprendre, d’une part, que la sortie de la religion en Occident, c’est le passage dans un monde où les religions ne sont pas seulement séparées du politique et d’un ordre collectif qu’elles ne déterminent plus, mais courent le risque de la marginalisation irréversible et d’autre part, que la vision de l’Islam, qui lie religion et monde, n’est pas totalitaire. L’enseignement forme au sens critique, au débat, à la construction de passerelles, à la négociation, aux aménagements constructifs, à l’interprétation et à la hauteur de vue pour sortir de toutes les formes d’extrémisme et d’enfermement.


Dialoguer c’est accepter de devenir autre que ce l’on est -c’est reconnaître l’existence d’un processus qui expose au changement les interlocuteurs. Le master s’intéresse en particulier aux citoyens européens de confession musulmane, une réalité plurielle qui mérite une étude scientifique attentive. Le monde musulman, notamment méditerranéen, est singulier, hétérogène et lié à l’Europe.
La complexité et la proximité exigent le transdisciplinaire. Les questions politiques, économiques et culturelles de l’Occident et de l’Orient sont imbriquées. Les thèmes de fond se posent tel comment assurer le vivre- ensemble dans la région et comprendre la présence des musulmans en Europe.


L’ignorance est souvent la cause des problèmes. L’Islam est méconnu, sujet à des polémiques, des controverses et mêlé à des problèmes politiques et sécuritaires. Dans toutes ses facettes, l’Islam est scientifiquement étudié par ce master international et pluridisciplinaire pour répondre aux exigences et besoins de tous les professionnels qui ont des rapports avec le monde musulman.
A travers l’acquisition de connaissances argumentées, approfondies et compréhensibles, le master à une maitrise complète qui implique plusieurs domaines de connaissances précises. Connaître la foi musulmane, la société islamique, ses fondements et la mentalité des citoyens musulmans pour faciliter l’interconnaissance, le partage, le codéveloppement, la coopération économique, passe par le débat sur le dépassement des frontières mentales et culturelles.


Cet enseignement répond aux questions fondamentales au sujet de l’Islam et aux interrogations légitimes des musulmans et des non- musulmans. Comment le comprendre, le mettre en pratique, aujourd’hui, afin de favoriser le développement et non l’archaïsme, est-il une mystique, une doctrine, un code de vie, quelles sont les convergences et les divergences avec les autres religions? La dimension transdisciplinaire permet des réponses et s’adresse à tous les publics. Le recul de l’interconnaissance et la crise des sciences constituent des raisons pour enseigner la culture sur la base de l’interdisciplinaire, encore plus pour l’Islam perçu comme l’autre version de l’humain. 

Eduquer à l’ouverture


Sans relativisme, ni syncrétisme, il faut éduquer à l’ouverture, l’interconnaissance. Philosophie, histoire des sciences, théologie et sociologie, anthropologie, linguistique, économie, se côtoient pour former une tête bien faite, apte à l’esprit critique, sans se flageller, tenter de cerner des trous noirs de la pensée moderne: les valeurs abrahamiques, coraniques, les notions de mystère, de révélation, de foi, d’être commun, du vivre-ensemble, rapport entre individu et communauté, humanisme et transcendance, subjectivité et objectivité, spécificité et universalité. Les sociétés de la rive Sud sont faibles faute de savoir, de connaissances scientifiques, de culture vivante, d’espaces de débat. Sans la notion d’information, l’humain et l’organisation vivante restent inintelligibles. Le savoir vise à faciliter l’interconnaissance, à cultiver, former et informer, dessiner la ligne médiane, directrice du Message, en reliant entre elles des connaissances disciplinaires pour comprendre comment fonctionne l’univers de l’Islam et son histoire.


Les concepteurs sont partis d’un constat: malgré les travaux de l’orientalisme, l’Islam est méconnu. L’étude de l’Islam en Europe est presque inexistante dans les programmes scolaires et universitaires. Dans le meilleur des cas, il se trouve morcelée entre différentes disciplines: historiques, théologiques, sociologiques, économiques, ethnologiques, anthropologiques, politiques, poétiques, linguistiques, littéraires, juridiques, et autres aspects multiples d’une réalité une et mouvante. On ne peut se résoudre à l’émiettement ou à la dilution. Etudier ce champ vise à cerner et dresser la figure du sujet étudié, le paradigme, à partir et au-delà de la diversité. L’hétérogénéité, les écarts, les différences sont étudiés pour tenter de tracer l’unitaire.


L’interdisciplinarité signifie ici désenclavement, interaction, échange et coopération, association de savoirs en vertu du projet: relancer l’islamologie, en tenant compte de la crise, de la décadence, et des contextes problématiques, les conditions culturelles et sociales, et les métamorphoses. Etudier l’islamologie, il n’y est pas question de simples techniques, mais de ce qu’elles servent, des besoins forts de coopération, de dépassement du fondamentalisme d’une part et de l’islamophobie d’autre part, retrouver un sens de la vie, des fins de l’engagement partagé, rapprocher les peuples, en se tenant éloigné des approches idéologiques. Le contenu des cours met en dialogue les références fondatrices avec les réalités.


Le futur Master 2 en islamologie, lorsqu’il sera mis en place, traitera d’autres thèmes comme la psychologie, l’anthropologie, l’écologie, l’urbanisme islamiques, et d’autres aspects qui seront approfondis, afin de permettre la spécialisation. Il faut donner la priorité à la culture et à l’éducation pour inventer le futur et sortir du désert de l’inculture.
Dans un monde émietté, soumis d’un côté à la dictature du Marché, d’un autre à l’obscurantisme, des savoirs fondamentaux et parcellaires se confrontent pour rechercher le progrès et l’authenticité conjugués. Il faut garder le cap sur la ligne médiane, du juste milieu.
L’intellectuel confronté à la complexité doit faire sienne cette pensée philosophique: «Impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties».

(*) mail :  intellectuels@yaho.fr

 

 

LE SENTIMENT ANTIMUSULMAN S’AMPLIFIE

LE SENTIMENT ANTIMUSULMAN S’AMPLIFIE
L’ignorance se mondialise

Par Mustapha Cherif

Le sentiment antimusulman en Occident s’aggrave. La responsabilité est partagée, car nombre de musulmans à travers le monde se comporte mal. Cependant, rien ne peut justifier la haine d’autrui. La culture, l’interculturel, l’interconnaissance, sont les ponts incontournables pour le rapprochement entre les peuples et le vivre ensemble. Pourtant, des remises en cause de l’enseignement, déjà faible, de la civilisation islamique et de la langue arabe, se profilent en Europe, comme en France. Alors que la diversité de la société est un atout à valoriser et en tant qu’Arabo-Berbères et Africains, musulmans, nous revendiquons en rive Sud notre européanité, francité, méditérranéité, les bienfaits du plurilinguisme et restons attachés au «butin de guerre» de la langue française, faisant fi de ses engagements, le ministère français de l’Edu-cation semble annoncer la fermeture du Capes d’arabe et la fin de l’enseignement pour les lycéens de la civilisation musulmane en Histoire-géo, au profit de celui de l’Occident chrétien médiéval. Déjà, depuis dix ans, aucun nouveau poste de professeur d’arabe n’a été créé en France, malgré une demande forte et pressante. Les décideurs se sont contentés de mettre en place des groupements d’heures. L’enseignement de la langue arabe délivré au sein de l’Education nationale risque à terme de se réduire considérablement. 15% des élèves étudiant l’arabe en France, l’apprennent aujourd’hui dans le cadre de l’Education nationale et les 85% restants, dans des structures privées. Depuis la session 2005, le concours au Capes d’arabe est suspendu un an sur deux, en alternance avec l’agrégation. Aujourd’hui il est dramatiquement question de le supprimer. Cela est révélateur du refus qu’a la société européenne de reconnaître cette langue et la culture qu’elle véhicule, qui ont contribué à la renaissance et à la civilisation commune.
L’agrégation d’arabe a été créée en 1905 et aujourd’hui seulement, environ 200 professeurs enseignent dans environ 250 collèges et lycées, ce qui ne couvre que 10% des besoins. Nombreux sont les départements où les élèves ne peuvent pas, faute de professeur, suivre des cours d’arabe. Parfois il leur est proposé un enseignement à distance, par correspondance.
Alors que l’enseignement de l’arabe ne devrait pas être réservé aux seuls élèves originaires de pays arabophones, avec cette reforme c’est un grave recul. Est-ce qu’on réserve l’apprentissage de l’espagnol aux élèves d’origine hispanique? Alors que nous sommes coopératifs en matière de francophonie, d’une manière générale, il n’y a pas eu de volonté politique de développer l’apprentissage de l’arabe dans l’enseignement secondaire français.

Une langue vivante
Intégrer la langue arabe dans le secondaire, afin que tout élève désireux de l’apprendre puisse le faire serait pourtant une des meilleures façons d’oeuvrer au partage et à la culture de la paix, et de reconnaître sa valeur scientifique. Certes, pour les élèves non arabophones, elle peut être une langue difficile, car différente des langues latines, mais langue logique elle enrichit et permet l’ouverture d’esprit. Elle est pratiquée par des centaines de millions d’individus, car c’est une langue vivante, dont la connaissance est indispensable pour qui souhaite s’ouvrir au voisin, au monde et mieux les comprendre. Dans ses patrimoines classiques et modernes, c’est une langue de culture et de communication.
Dans tous les domaines: logique, philosophique, scientifique, littéraire, mystique, la langue arabe a été le support de pensées universelles. Il s’agit de lire, de connaître et de questionner un partenaire vital et fécond de la rive Nord. L’Occident a été judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe, on ne peut pas oublier notre histoire commune.
En outre, de par l’histoire contemporaine, la colonisation, disait Jacques Berque, a changé et le colonisé et le colonisateur, on ne peut pas abandonner les regards croisés. Bien plus, l’avenir sera commun ou ne sera pas, il faut sortir des monologues et de l’uniformisation. C’est d’abord le travail sur la langue qui rend possible le sens de l’hospitalité, le voyage et la coexistence.
Faire une place à l’enseignement de l’arabe en Europe, sera la meilleure réponse aux extrémistes de tous bords et permettra de faciliter l’amitié et de réviser l’idée que cette langue est réservée aux seuls jeunes issus de l’immigration et partant, de reconnaître que le jeune d’origine arabe ne doit pas seulement s’intégrer; il est aussi porteur d’une mémoire qui mérite d’être connue et reconnue.

L’amnésie
Le sentiment antimusulman et la xénophobie s’amplifient et peuvent mener à des désastres dans le cadre de la mondialisation de l’ignorance. Ils profitent du vide, de la méconnaissance et des archaïsmes d’usurpateurs du nom de l’Islam. Tout comme nous devons en rive Sud enseigner les cultures et faits civilisationels d’autrui, il est salutaire de garder vivant l’enseignement de la langue et cultures arabes en rive Nord. Chacun peut constater que la littérature de langue arabe est très peu étudiée en Europe, et actuellement seul Averroès figure dans les programmes français de philosophie.
En histoire, le programme de cinquième traite très rapidement de l’apparition de l’Islam et de la civilisation arabo-islamique médiévale. Le monde arabo-musulman dans les programmes des autres classes est étudié superficiellement liés à l’époque de la colonisation. Aucun manuel scolaire ne met l’accent sur l’apport de la pensée arabe et la réappropriation des textes grecs par les savants musulmans. Le travail de passeur, de symbiose, de créativité, d’humanisation, de civilisation, de la pensée arabe est comme absent de l’horizon culturel européen.
Les Européens oublient ou ne savent pas que les Arabes ne se sont pas contentés de transmettre un patrimoine, mais l’ont renouvelé, critiqué et réinventé. Tout cela signifie que l’amnésie n’est pas gratuite. L’occultation de la place de la culture de langue arabe dans l’histoire de la pensée universelle explique en partie l’islamophobie d’aujourd’hui. Qui connaît de nos jours en Occident ne serait-ce que les noms d’Avicenne-Ibn Sina, al Farabi ou d’Ibn al Haytham? Les trois ont pourtant leur place dans l’histoire de la philosophie et dans celle des sciences. La pauvreté de l’enseignement de l’arabe est une des conséquences de la méconnaissance des éléments arabes dans l’élaboration des savoirs. En l’occurrence, au moment où certains facilitent le «choc des ignorances», il y a un réel travail à mener sur les relations «Orient-Occident». Et ce travail permettra de repenser ces deux termes, qu’à tort on oppose.

L’ignorance conduit à la haine de la différence
Par l’apprentissage d’une langue, dans un cadre moderne comme l’Europe, on peut transmettre des éléments de culture. Pourtant nous assistions au refus de reconnaître l’Altérité. C’est par la découverte de la langue de l’autre que l’on peut découvrir les multiples aspects d’une civilisation, qui ne se réduit pas à sa dimension religieuse. Le religieux déformé devient l’unique repère, dès lors qu’il s’agit d’Islam. Un des moyens efficaces de montrer que le vivre-ensemble est incontournable et de développer l’enseignement de la langue dans le cadre du système éducatif public. Le risque qu’il y a à enfermer les populations dans la seule référence religieuse vise à les ghettoïser. La fermeture du Capes d’arabe n’obéit pas à un impératif économique, mais sous-tend une stratégie de combattre les valeurs arabo-musulmanes. Cette orientation idéologique et culturelle est grave et inquiétante. Heureusement que des initiatives louables comme celle de l’Université ouverte de Catalogne en Espagne qui a ouvert un Master d’Etudes islamiques et arabes, enseigné par Internet, donne des raisons d’espérer (www.uoc.edu).
L’histoire fabuleuse et commune de «La Méditerranée carrefour des civilisations» qui forme aux valeurs universelles et à la convivialité en France va disparaître à cause de calculs politiciens.
Des intellectuels conscients reconnaissent que c’est le surgissement d’une islamophobie qui formate inexorablement la société française au point de ne susciter aucune réaction des partis contre cette dérive dangereuse du «vivre-ensemble», pourtant consacré par la laïcité et les lois de la République. Le sentiment antimusulman n’est pas une singularité française, mais européenne.
Le délire se répand partout, à des degrés divers, avec la prolifération de partis extrémistes qui font de la croisade contre les musulmans leur mot d’ordre. Les pays européens de la France, à la Suisse, à la Norvège, au Danemark, aux Pays-Bas sans oublier l’Allemagne connaissent une montée de la xénophobie qui rappelle la situation qui prévalait au milieu des années trente. Le citoyen européen de confession musulmane est décrit comme la nouvelle menace, l’ennemi qui ose vouloir vivre sa foi, alors qu’il ne porte pas atteinte aux lois civiles. Le déferlement du discours islamophobe prend des proportions alarmantes. Les xénophobes prétendent que l’Europe va s’islamiser et stigmatisent les musulmans pour faire peur et imposer le spectre d’un changement de population et de culture en Europe. Toutes les limites de l’indécence et de la propagande haineuse surfent sur l‘ignorance, la crise morale et économique.
Goebbels le nazi, pratiquait le même type de propagande et d’amalgame. Il ciblait les juifs, propageait des fausses informations à leur sujet, et flattait les pires instincts de tous les courants prêts à se conduire en loups. Le musulman aujourd’hui court le même risque que le juif hier, alors que leur vécu paisible et bien intégré est ignoré. Malgré des comportements inadmissibles, crispés et provocateurs chez une minorité de musulmans, la réalité sociologique des citoyens musulmans en Europe montre leur aptitude à vivre le progrès et la sécularité, de manière la plus normale. Cela gêne tous les extrémistes de la laïcité, du libéralisme sauvage et du sionisme. Ces trois courants dogmatiques et populistes souhaitent participer à la chasse aux musulmans. Les xénophobes et autres racistes, qui contredisent les valeurs des Lumières, sont aujourd’hui choyés au lieu d’êtres rappelés à l’ordre par les lois de la République.
Un exemple récent, le prix Goncourt 2010 a été décerné au sinistre Houellebecq, un des chantres de la provocation à la haine et à la violence à l’encontre des musulmans. Comme Bernard Henri Levy et Alain Finkielkraut, toute sa carrière est basée sur la haine d’autrui et en particulier des musulmans. Ils produisent de la haine à l’encontre de tout un pan de l’humanité et ils sont récompensés. Ils monopolisent les médias et reçoivent des prix prestigieux parce qu’ils vivent dans un monde cynique où c’est devenu banal de haïr l’autre pour ce qu’il est. Il serait temps que les Européens, les Français, se souviennent des principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et ceux du monothéisme. Car ce n’est pas seulement les musulmans qui sont ciblés, mais le sens de l’humain qui sous-tend toute vraie civilisation.

(*) Mustapha Cherif
intellectuels@yahho.fr

Une grande perte Mohamed Arkoun

Disparition

Mohammed Arkoun, une grande perte

Par Mustapha Cherif

Le professeur Mohammed Arkoun, né à Taourit-Mimoun, petit village prés de Tizi-Ouzou, Algérie, islamologue de renon, grand spécialiste de l’histoire de la pensée musulmane est décédé. C’est une grande perte. Intellectuel hors pair, figure de proue d’un courant, controversé, celui du rationalisme en islam. Algérien, il recherchait en permanence à rapprocher les cultures et les mondes. Son souci était la modernisation de la tradition islamique et la réforme des systèmes de pensée.

On dialoguait souvent sur les sujets philosophiques sensibles liés à la civilisation musulmane. Notre souci commun était de rationnaliser les approches et d’éveiller les consciences. Par delà le fond éthique et scientifique commun, celui de l’honnêteté et du respect du droit à la différence, des nuances naturelles étaient parfois perceptibles dans nos approches respectives. Il mettait surtout l’accent sur les outils des sciences humaines et sociales, comme l’anthropologie appliquée, conçus en Occident, pour disait-il objectivement déconstruite les faits islamiques. Je lui précisais que je m’attache à l’articulation entre authenticité et progrès. Chacun à sa manière et à partir de nos convictions propres, on avait tous deux le souci de mettre en valeur l’humanisme musulman, d’humaniser nos sociétés et les rapports entre les mondes.

Il était profondément déçu de l’évolution du monde Arabe, mais ne désespérait pas de le voir s’inscrire dans le progrès s’il révolutionne le système éducatif. A l’occasion des colloques à travers le monde je croissait se grand savant en islamologie et je ne cessais de lui dire que les citoyens musulmans continuaient à croire à la ligne médiane, ni occidentalisation, ni extrémisme. Il m’entendait bien, mais considérait que la situation historique de ces sociétés s’est compliquée faute de libertés.

En tant qu’agrégé en langue arabe, après avoir étudié la littérature arabe, le droit, la philosophie à l’Université d’Alger dans les années cinquante, ce maître fut professeur émérite d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne. Il a enseigné l’islamologie appliquée, sous l’angle scientifico-historiciste. C’est une discipline qu’il a développée, durant 40 ans et expliqué dans une vingtaine d’ouvrages, dans le plus récent et instructif est l’humanisme en islam republié à Alger en 2008 aux éditions Barzakh. Les plus connus sont La Pensée arabe (1975), Lectures du Coran (Paris, 1982), Penser l’islam aujourd’hui (1993).

.Il a sillonné le monde, invité par les plus grandes universités. Les concepts qu’il a développé sont nombreux, les plus décisifs sont deux en particulier : celui de l’impensé dans la culture islamique, c’est à dire selon lui ce que les institutions, les élites et les masses refusent souvent d’affronter et le concept du corpus officiel clos, car il critiquait la fermeture précoce des portes de l’ijtihad.

Mohamed Arkoun ne fut pas écouté par les forces dominantes en Occident travaillées par l’ethnocentrisme et l’islamophobie, pourtant il était foncièrement ouvert, séculier, intégrait le savoir occidental et critiquait la religion instrumentalisée et la croyance vécue comme idéologie.

En Orient, Il était réfuté par tous les tenants de la tradition et les conservateurs, mais aussi par ceux qui jugeaient qu’il parlait de « l’extérieur de l’islam », alors que l’islam s’adresse à toute l’humanité. Son souci était la scientificité, refusant de rentrer dans le débat relatif au mystère et à l’au-delà. Un  quiproquo symbolisait son rapport difficile à l’intelligentsia arabe. Sont restés célèbres les joutes oratoires qu’il avait avec feu l’imam Mohamed Ghazali savant conservateur lors des séminaires de la pensée islamique en Algérie organisé par le regretté Mouloud Kacim.Mohamed Arkoun cherchait avec courage à développer une école de pensée qui étudie l’histoire du phénomène coranique mise en œuvre par différentes cultures. Il considérait que l’évènement historique de la révélation qui se fixe dans un corpus mérite des recherches approfondie afin de cerner le variable et l’invariable des normes. Il comparait les trois monothéismes dans leurs réalités sociales et productions intellectuelles pour tenter de produire de l’universel.

Contrairement à nombre d’intellectuels d’origine musulmane qui vivent en Europe et qui restent dans le superficiel et l’air du temps, Mohammed Arkoun était un grand savant rigoureux. Il se voulait un réformateur moderniste, un intellectuel indépendant qui pense l’humanisme islamique en visant notre temps. Il a pratiqué avec passion une critique de la tradition et une critique des cultures de notre époque. Son œuvre a influencé nombre d’auteurs modernistes, notamment au Maghreb. Malgré, des divergences et des polémiques nombreuses, Arkoun restera une grande référence instructive pour comprendre comment le rapport Islam Occident évolue dans la trame des combats idéologiques et intellectuels. Adieu l’ami.

Mustapha Cherif

Le Savoir en Islam le 5 Septembre 2010 sur Canal Algérie

Ramadan Karim
La télévision algérienne sur Canal Algérie pour le dimanche 5 septembre 25eme jour du ramadan à 13h 30mn,  heure d’Alger, 14h 30 heure de Paris a prévu la diffusion de la conférence de 45 minutes du Professeur Mustapha Cherif , sur « Le Savoir en Islam » prononcée à la prestigieuse et belle Mosquée Zaouia du cheikh Belkaid , à l’occasion des Durus Mohamédia à Oran ! 

Réalité et perspectives du musulman

 

 

Réalité et perspectives du musulman

Par : Mustapha Cherif (*)

Le Ramadhan permet de prendre du recul et de se pencher sur la question du sens. Les pulsions, les égoïsmes et les désirs effrénés empêchent de prendre la mesure de l’existence. Le Coran a été révélé pour permettre de dégager le sens explicite du monde qui n’est pas donné d’avance et de réaliser le vivre ensemble. A contrario, les discours dominants inculquent une perception consumériste de la vie et une vision essentialiste de l’autre. La civilisation fait défaut. Au lieu de rester généreux, humble, et de discerner, chacun voit autrui comme un adversaire et avec arrogance ne reconnaît pas le droit au pluralisme.
Le monde musulman, malgré ses richesses et potentialités, est marqué par des faiblesses, des problèmes multiples et des difficultés qui méritent des critiques. Des musulmans prêtent le flanc et trahissent la lettre et l’esprit du Coran.
Des non-musulmans, inquiets ou choqués, ont le droit de critiquer. Mais des stigmatisations sont enregistrées contre tous les musulmans témoins de la spiritualité qui résiste à la marche du temps. Même si tous les Occidentaux ne succombent pas à la propagande, des amalgames sont entretenus entre  les termes — musulmans et fanatiques — à cause de ceux qui se comportent mal.
En Orient, les termes Occident, chrétienté et impérialisme se succèdent sans que la distinction soit faite. Alors qu’il faut savoir que l’Occident n’est plus chrétien, au sens où il l’était il y a des siècles. Nous avons des amis humanistes, de toutes cultures, qui s’opposent aux injustices et à la deshumanisation.
Les islamophobes et les extrémistes sont aveugles. Ils ne voient pas que l’humanité est à la fois une et plurielle. L’Orient et l’Occident sont imbriqués. Les causes des problèmes et de l’intégrisme sont liées surtout aux contradictions du système mondial dominant. Tous les peuples, dans leur diversité, sont confrontés aux mêmes défis et doivent avoir les mêmes droits et devoirs.
La vision ouverte dépasse les faux clivages comme celle entre croyants-incroyants. Elle discerne entre la règle et l’exception, entre des groupes minoritaires extrémistes et l’immense majorité paisible. Les islamophobes pratiquent le simplisme de la propagande du choc des civilisations. Ils essayent de donner corps à cette théorie fumeuse pour occulter les problèmes politiques, même si des divergences existent entre les cultures. Le dialogue des cultures n’a pas pour finalité d’établir un banal cosmopolitisme, mais une pluralité véritable. Les convergences entre les cultures abrahamiques sont décisives. Rechercher l’alchimie du bonheur est légitime. Le lien entre raison et foi est une voie propice.
Quand on écrit : “Qui peut nier qu’il y a un Islam ouvert, attaché à l’humanisme et à l’amitié avec autrui ? Le vivre-ensemble est possible.” Les extrémistes nient ce fait. Leur esprit est troublé par l’ignorance et le refus de l’altérité. Ils ne reconnaissent pas que le Coran ouvre la possibilité de la vie séculière. Distinguer sans opposer, ni confondre, le temporel et le spirituel est la voie. L’islam religion et monde devrait favoriser la sociabilité. Il est théoriquement fondé sur l’harmonie, la cohérence et le sens de la responsabilité.
On doit s’inquiéter des oublis et des écarts entre théorie et pratique, car comme dit le dramaturge : “Les ancêtres redoublent de férocité.” La méchanceté des hommes contredit la noblesse des principes. Une école de pensée et des hommes intègres peuvent réanimer les principes contre les déviations, faciliter le renouveau, le tajdid.
Des islamophobes prétendent que “dominent  des idéologies centrées sur une réactivité régressive à l’écart du mouvement du monde…” Généraliser ce phénomène est injuste. Malgré des dérives, l’immense majorité des musulmans reste attachée à l’hospitalité, au partage, au progrès et à l’ouvert. Ce qui a permis le vivre-ensemble et a produit de la civilisation.
Le discours des islamophobes est d’abord celui des extrêmes droites et des ignorants manipulés, qui amplifient les dérives de “croyants” minoritaires usurpateurs du nom de l’Islam. Les extrémistes de tous bords s’alimentent.
L’opinion internationale n’est pas dupe. Personne n’a le monopole de la vérité, et celle-ci mérite que l’on apprenne à l’interpréter. Malgré des acquis scientifiques, la désignification de l’existence a atteint un seuil inquiétant, la crise, les injustices et les impasses sont grandes.
L’invention d’un bouc émissaire pour faire diversion est vouée à l’échec. Jeûner, c’est aussi apprendre à se remettre en cause, à se tenir à distance. Nous avons besoin les uns des autres, par-delà nos différences, pour retrouver l’équilibre, faire reculer les extrêmes et semer de la civilisation.

 

La tolérance doit être le maître mot pour tous

L'Expression
et

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ACTUALITÉ

Les vrais propos de Mustapha Chérif
16 Février 2010 – Page : 4

Les propos du professeur Mustapha Chérif lors du Colloque sur les religions en Algérie, ont été rapportés de manière tronquée dans notre édition du 11 février. Notre philosophe et islamologue ne s’est jamais étonné de la demande de réciprocité exprimée par l’archevêque Bader. Il a au contraire affirmé que nulle contrainte en religion, la liberté de conscience est un principe non négociable et que la tolérance doit être le maître mot pour tous. Tout en appelant au discernement, pour différencier entre le droit légitime de témoigner librement de sa foi et le fait de pratiquer un prosélytisme agressif et clandestin à visée de domination. Tous les invités, présents, chrétiens et musulmans, ont apprécié la parole claire du professeur Mustapha Chérif qui œuvre avec franchise pour le vivre-ensemble et l’amitié islamo-chrétienne. Dont acte.

R.N

Inscription au Master International Etudes Arabes et Islamiques

UOC

Master International Etudes Arabes et Islamiques.

Pour la première fois dans le monde un Master International en Etudes Arabes et Islamiques par Internet, Master de la Université Oberta de Catalogne, établissement d’Etat qui délivre des diplômes officiels, est ouvert depuis Octobre 2009. Master interdisciplinaires. En langue française, puis dés Octobre 2010 au choix en langue Espagnole.

Objectifs

Formation à la fois fondamentale en islamologie et ouverte aux préoccupations de notre temps, double exigence qu’aucune université ne propose. De surcroît avec les meilleurs spécialistes et chercheurs autour de la Méditerranée. Ce schéma permet une offre variée qui vise l’excellence. La civilisation islamique, à laquelle se rattache un citoyen sur cinq dans le monde, de toutes ethnies, cultures et pays, est mal connue, malgré, aux XIX et XX siècles, les travaux savants d’orientalistes et d’islamologues. Durant au moins cinq siècles (VIIIe au XIIIe), cette civilisation a culturellement dominé et a participé à la formation de la civilisation universelle. Sujet de controverses, et mêlé, à des problèmes politiques et sécuritaires, le monde musulman, mérite d’être étudié. L’avenir des relations entre l’Islam et les pays occidentaux, la présence de citoyens européens de confession musulmane, l’intensité des rapports entre les deux rives de la Méditerranée, l’obligation de faire progresser la connaissance pour faciliter la compréhension et le dialogue des civilisations, tout cela exige de donner la priorité à un enseignement scientifique de la religion et de la civilisation de l’Islam.

L’étudiant intéressé peut choisir sa spécialisation et suivre aussi les autres cours pour obtenir une post-graduation ou le master complet. Quiconque qui le souhaite peut suivre sans conditions la formation du Master, cependant pour obtenir le diplôme, conformément aux normes européennes, il faut disposer d’un niveau de bac + 3, ou équivalent.

Composition

Le Master se compose de 6 cours obligatoires (formant 30 crédits) et aux choix 14 cours facultatives, « à la carte » : l’étudiant peut choisir entre différents matières. Est proposé aussi (hors du master et de la post-graduation) parmi ces modules des cours indépendants qui puissent intéresser des étudiants, comme les chefs d’entreprises, des chercheurs ou des responsables sociaux, religieux et culturels.

Le master international Etudes islamiques et Arabes se déroulera pendant deux années. La prochaine promotion du Master commencera en octobre 2010, au choix en français ou espagnol, avec 3 Modules obligatoires, qui termineront début Mars 2011, les 3 autres modules obligatoires, commencent mi mars jusqu’au 30 juillet. Les inscriptions seront ouvertes dés Mars.

Début des cours :

OCTOBRE :

Les 3 « classes  virtuelles » des matières

-Le Coran,

-Le droit islamique : Méthodologie,

-La pensée classique : Raison et donné révélé

MARS :

Les 3 « classes  virtuelles » des matières

-Le Prophète,

-Histoire des sciences dans le monde musulman : -Sciences, héritages et créativité,

-Soufisme et spiritualité.

Langue Arabe 1.

PROGRAMME

Le Coran

5 ECTS

Octobre

Le Prophète

5 ECTS

Mars

Le droit islamique

Méthodologie

5 ECTS

Octobre

La pensée classique

Raison et donné révélé

5 ECTS

Mars

Histoire des sciences dans le monde musulman

5 ECTS

Octobre

Soufisme et

spiritualité

5 ECTS

Mars

Ethique économique et finance islamiques

4 ECTS

Histoire de la civilisation islamique

4 ECTS

Littérature classique

et humanisme

4 ECTS

Les Arts islamiques

2 ECTS

Le Réformisme

Tradition et progrès

4 ECTS

La pensée moderne

Islam et modernité

4 ECTS

Islam et droits humains

2 ECTS

Information,

Communication et dialogue

4 ECTS

La démographie du monde musulman Mythes et réalités

4 ECTS

Sociologie des musulmans en Europe

4 ECTS

Géopolitique des Relations Euro-Arabe

4 ECTS

Les opinions dans le monde arabe contemporain

2 ECTS

Langue Arabe 4 ECTS

Mémoire

6 ECTS

Le mémoire de fin d’études concerne cette dernière phase (6 crédits)

3- L’étudiant peut choisir librement entre toutes les matières facultatifs « en couleur » jusqu’à avoir 24 crédits (Master 30 crédits = 30 bloc gris + 24 bloc couleur + 6 mémoire finale)

4- Les matières en couleur activées pour les étudiants du master seront au fur et à mesure « proposées » à d’autres étudiants qui recherchent un enseignement à la carte, sur mesure et limité, comme cours spécifiques individuels dans un programme de la UOC qui s’appelle ATENEU (il s’agit de crédits «  à libre choix  comme on les appelle dans les universités).

5- Le système d’enseignement

Le système d’enseignement de l’UOC par Internet est simple et attractif, c’est l’Université à la maison. L’enseignement est non-synchro, l’étudiant se connecte librement à l’heure de son choix au niveau de la classe virtuelle et dispose d’un mot de passe pour prendre connaissance du cours, participe aux forums et peut poser des questions au professeur. L’enseignant intervient et répond au moins une fois tous les 48 heures à l’heure de son choix et les étudiants aussi, selon leur rythme et leur temps disponible.

L’Université Oberta de Catalogne, UOC, dispose d’une bibliothèque digitale, virtuelle accessible aux étudiants et de plusieurs entrées de consultations dans d’autres banques de données. Certains documents peuvent être transmis par voie postale à la demande des étudiants.

6- Mode d’inscription pour les étudiants :

Ils doivent se préinscrire à partir  au mail :

avec copie

Conférence inaugurale des Universités de Catalogne à Barcelone

Le  professeur algérien Mustapha Cherif a eu l’honneur de prononcer la conférence inaugurale de la rentrée universitaire officielle des Universités de la Catalogne à Barcelone. C’est la première fois qu’un intellectuel de la rive Sud bénéficie de ce privilège honorifique. Le sujet est lié à l’actualité : « Les enjeux de la connaissance et le dialogue des civilisations ». L’événement solennel a lieu au siège de la prestigieuse Université Ouverte de Catalogne, présidé par Mme Imma Tubella, qui a initié le Master International en Etudes Islamiques (www.uoc.edu). Cet acte académique a eu lieu en présence du Président de la Généralyta, président de la Région , du ministre de l’Education locale, des autorités locales, des présidents d’Universités et des personnalités scientifiques. La tradition d’ouverture de la région de Catalogne sur la Méditerranée   se confirme, notamment depuis le lancement du principe de l’Alliance des civilisations, le processus Euromed et l’accueil du siège de l’Union pour la Méditerranée.

Le recul des études en islamologie

L’IGNORANCE, SOURCE DES MAUX
Le recul des études en islamologie

Mustapha CHERIF
25 Juin 2009 -

La prestigieuse Université ouverte de Catalogne à Barcelone est la seule au monde qui propose tous ses enseignements à distance par Internet.

En Europe, on constate un recul inquiétant de l’enseignement en islamologie et en langue arabe, sauf en de rares instituts privés.

Pourquoi tant d’amnésie, de préjugés et de distance séparent les deux rives de la Méditerranée aujourd’hui, alors que les convergences sont multiples et le devenir commun? Pourquoi tant de comportements passéistes ou aliénés à des modèles étrangers? L’ignorance est la première des causes. Un fait mérite d’être analysé: le recul de l’enseignement en islamologie dans le monde. Pourtant des initiatives novatrices sont prises. A travers son programme scientifique et interdisciplinaire, l’Université ouverte de Catalogne, basée à Barcelone, première université européenne totalement par Internet, en coopération et partenariat avec des organismes internationaux scientifiques et culturels, a décidé de contribuer à la tâche de formation, de recherche et de connaissance en islamologie.

Les lumières pour faire reculer l’obscur et l’inculture
Un Master en études islamiques et arabes, sera cette année prodigué par cette université d’Etat, au statut mixte. Diplôme aux normes européennes, unique au monde de par le caractère pluridisciplinaire, entièrement enseigné à distance et au départ en langue française, et ensuite en d’autres langues, notamment l’arabe, il s’adresse à de multiples publics: les chercheurs, les chefs d’entreprise, les éducateurs, les acteurs sociaux, les collectivités locales, les ONG, les diplomates, les médias et les intellectuels. Nouvelle exceptionnelle pour tous ceux qui veulent s’instruire en islamologie et questions de notre temps au sujet de la civilisation musulmane. Les lumières pour faire reculer l’obscur et l’inculture.
Ainsi, attentive aux questions de notre temps, aux préoccupations des citoyens et des institutions, la prestigieuse Université ouverte de Catalogne à Barcelone est la seule au monde qui propose tous ses enseignements à distance par Internet, près de 250 spécialités, enrichit sans cesse ses domaines d’enseignement, franchit le pas pour montrer que la connaissance est le meilleur des ponts à construire. Ce Master international intitulé Etudes islamiques et Arabes ouvrira en octobre prochain. Des enseignants et chercheurs, parmi les meilleurs spécialistes du monde, seront présents pour répondre à ce besoin du savoir.
En Europe, on constate un recul inquiétant de l’enseignement en islamologie et en langue arabe, sauf en de rares instituts privés. Dans le monde musulman l’enseignement est souvent soumis à des approches traditionnelles. La prestigieuse civilisation islamique, à laquelle se rattache un citoyen sur cinq dans le monde, de toutes ethnies, cultures et pays, est mal connue, malgré, les travaux savants d’orientalistes et d’islamologues aux XIXe et XXe siècles. Les enseignements dispensés par le passé en Europe comme à Paris, place connue pour l’étude ancienne de la logique et de la théologie, dépendent des traductions effectuées à Tolède et en Sicile. Premier centre européen de la diffusion du savoir au XIIe siècle, la Sorbonne cède ensuite la place à l’université d’Oxford qui domine à partir du début du XIIIe siècle. La méthode d’enseignement, proche de ce qu’elle fut dans les medersa andalouses, ne distingue pas de façon nette entre la compréhension des pensées d’une culture et philosophie spécifique et l’élaboration d’une pensée de l’échange. D’où le règne de la forme commentaire des oeuvres des anciens. D’aucuns voient dans cette méthode le moyen de contourner la censure lorsqu’elle s’exerce. Nonobstant, l’enseignement de l’islamologie et de la falsafa arabe sera un temps une réalité avec l’étude des oeuvres d’Ibn Rochd, (Averroès), d’Ibn Sina, Avicenne, Al Farabi et des savants musulmans, nombreux, en sciences exactes, comme les mathématiciens et les physiciens, et d’autres spécialistes qui contribueront à l’essor de la Renaissance.

Les vraies richesses
Durant au moins cinq siècles (VIIIe au XIIIe), cette belle civilisation humaniste a culturellement dominé et a participé à la formation de la civilisation universelle. Depuis près de cinquante ans le recul des études en islamologie est devenu visible, alors que des citoyens européens de confession musulmane constituent une part réelle de la société. Sujet de controverses, et mêlé, à des problèmes politiques et sécuritaires, le monde musulman, de par la proximité, les enjeux et les intérêts communs, au lieu d’être abordé uniquement sous l’angle de sources énergétiques, sous le souci sécuritaire ou exotique, mérite d’être de nouveau étudié scientifiquement pour découvrir ses vraies richesses. Cela sera donc possible par la mise en place du Master international en Etudes islamiques et arabes par l’enseignement à distance, de l’Université ouverte de Catalogne. Les inscriptions commenceront à partir du 26 juin 2009, jusqu’au 30 septembre 2009, au www.uoc.educ La science, le savoir et la culture sont les champs les plus passionnants de notre temps moderne. Les opportunités d’acquisition du savoir sont prodigieuses. Cela donne du sens à la vie individuelle et collective.

Souplesse et avantages de l’Internet
Généralement, un master de l’Université ouverte de Catalogne est formé par 2 postgraduations, à la fois constituées par plusieurs spécialisations. Ce schéma permet une offre variée. Dans le cas des études islamiques et arabe, a été décidé pour le moment d’offrir une seule postgraduation et un master. Il y a des matières facultatives, des options, c’est-à-dire «à la carte»: l’étudiant peut choisir entre différentes matières. C’est pour cela qu’est proposé d’offrir aussi (hors du master et de la postgraduation) parmi ces modules, des cours indépendants qui puissent intéresser des étudiants. C’est l’université à domicile.
L’Internet comme outil de formation transfrontalière donne des résultats incomparables, car tous les obstacles d’espace et de temps sont contournés. Pour se tourner vers l’avenir, faire reculer les maux sociaux et le chômage, apprendre par Internet est la voie de l’avenir. Le Web est en train de révolutionner la question de l’accès au savoir et partant de la démocratisation des sociétés. Ce master international Etudes islamiques et arabes se déroulera pendant deux années. Les cours commencent en octobre 2009, avec le lancement du master et la postgraduation pour un total de 30 crédits, selon le modèle européen, et propre au système espagnol. 3 modules, 15 crédits, commenceront le 1er octobre et termineront fin février. Les 3 autres modules, 15 crédits, commencent du 1er mars jusqu’au 30 juin 2009. Ce Master propose des cours variés et inédits. Analyser tous les aspects de la civilisation musulmane et ne pas se contenter des matières traditionnelles est un atout. Ainsi, s’ouvrent 3 «classes virtuelles» des matières: -Le Coran, -Le droit islamique: méthodologie, – Histoire des sciences dans le monde musulman: -sciences, héritages et créativité. En mars 2010 seront ouvertes les 3 «classes virtuelles» des matières suivantes: -Le Prophète, – La pensée classique, -Soufisme et spiritualité. En juin 2010 donc, la postgraduation termine et la première partie du master termine aussi.
Les 8 matières qui s’activeront en octobre 2010 sont: littérature classique et humanisme, – -Ethique économique et finance islamiques, -Islam et modernité, -Tradition et progrès, – Sociologie des musulmans en Europe, – Islam et droits humains. Les opinions dans le monde arabe contemporain, – Langue arabe. Les 6 matières qui s’activeront en mars 2011: Histoire de la civilisation islamique, – Les Arts islamiques, – Le dialogue des cultures et des religions, – La démographie du monde musulman, – Géopolitique des relations euro-arabes. Le mémoire de fin d’études concerne cette dernière phase (6 crédits).
Le système est souple, l’étudiant peut choisir librement entre toutes les matières jusqu’à avoir 24 crédits. Les matières activées pour les étudiants du master seront au fur et à mesure «proposées» à d’autres étudiants qui recherchent un enseignement sur mesure et limité, comme cours spécifiques individuels dans un programme de la UOC qui s’appelle formule de crédits «à libre choix». L’Espagne, en particulier la fière Catalogne, avec ce Master international, vient de frapper un beau coup, pour donner l’exemple de l’ouverture, en fidélité sans doute à son riche héritage, que représentait Ramon Llull et l’Andalousie du vivre-ensemble et des débats entre sages.

(*) Président du Forum des intellectuels algériens
Mail: intellectuels@yahoo.fr

Mustapha CHERIF (*)