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Par Mustapha Cherif Journal l’Expression 05 Mai 2011 - Page : 10 Dans le monde moderne, la fonction de l’école dans le domaine de la culture de l’éveil, du savoir et du civisme est majeure. L’Ecole a pour but de former un citoyen capable d’assumer sa responsabilité dans le bon comportement civique, d’être créatif et porteur de valeurs communes, nationales et universelles. En somme, articuler l’authenticité et la modernité. La connaissance multiforme L’objectif est de sortir des pesanteurs de la culture fermée ou matérialiste, de l’irresponsabilité et de favoriser l’autonomie d’un individu complet, à même d’aider à préserver et faire avancer l’identité et le sens de l’universel. L’autonomie de l’individu et sa formation scientifique passent par le savoir et la connaissance multiforme. Durant ces derniers siècles, le citoyen, source de développement pour son pays, devait acquérir des compétences, une culture et une éducation de trois types: générale, scientifique, technologique et civique. Nous l’avons vu avec Averroès, le moteur central est la raison: elle doit oeuvrer sans condition afin de prémunir les personnes et la société contre les mythes, l’ignorance, les visions sectaires, subjectives, qui entravent l’épanouissement de l’individu comme le développement de la collectivité, et suscitent les dérives néfastes de toute nature. Aujourd’hui, chacun peut comprendre qu’authenticité et progrès doivent êtres inséparables. Le savoir et la connaissance, la capacité d’objectivité fondée sur la raison critique, créative, constructive et vigilante, ouverte sur la marche du temps, le rapport à l’autre différent, perçu comme naturel pour l’existence de chacun, le sens du discernement et le civisme, tout cela a relativement favorisé l’essor sans précédent du progrès, notamment du droit, de la sociabilité et de la techno-science. Reste à garder une mémoire vivante. Aujourd’hui, comme tous les autres secteurs de la vie sociale, l’école doit s’efforcer de faire son travail, c’est-à-dire de faciliter à la jeunesse leur héritage culturel et l’apprentissage de l’esprit critique en formant des têtes bien faites, plus que des têtes bien pleines, afin de pouvoir, en permanence, renouveler leurs connaissances, en termes inventifs et créatifs. Fidélité aux racines L’évolution constante des métiers et la complexité de la réalité obligent d’ailleurs, à acquérir des méthodes plus que des contenus. En ce sens, dans le monde, si la crise est morale, c’est qu’il n’y a pas assez d’écoles et d’universités qui répondent pleinement à tous les besoins, culturels, économiques, spirituel et sociaux, dans tous les sens des termes, dignes de ce nom. Pour affronter avec force et courage les difficultés du monde moderne, il y a lieu d’apprendre aux jeunes à être à la fois capables de savoir, de savoir-faire, de discernement, d’objectivité, de vigilance et de fidélité à leurs racines. Tout cela, avec les effets de la rupture entre les dimensions de l’existence, conduit au relâchement des liens sociaux fondamentaux – même si ces notions sont à tort traitées de conservatrices et de «vieux jeu» -, à l’abandon des valeurs de l’échange, de l’hospitalité et à l’incapacité d’atteindre l’universel commun. L’exploitation d’une opinion désemparée, sans vraie relation humaine, en est facilitée. Sur le plan spécifique à l’école, la révision des programmes scolaires, la formation des formateurs et la mise à leur disposition de moyens conséquents, que la nation doit concéder, sont à même de relever les défis. Cela doit tendre à former un citoyen se gardant de tout excès, attaché à ses racines, ouvert sur la marche du temps, responsable de ce qu’il dit et de ce qu’il fait: une partie des problèmes du développement en serait alors résolue. Acquérir le savoir scientifique est incontournable, reste à forger un citoyen équilibré, civique et éduqué. Le premier niveau est interne; il s’agit de développer les programmes des écoles et institutions d’enseignement, de formation, de recherche pour favoriser l’apprentissage de la pensée constructive. Le système éducatif doit pouvoir répondre à cet impératif. Pour ce faire, il faut une préparation pédagogique. Afin d’intégrer objectivement le savoir complet à l’école et à l’université, il y a lieu de développer et généraliser, en sciences sociales et humaines, les thèmes modernes et fondamentaux de la logique et des valeurs éthiques et l’amour de la littérature. Les programmes des différentes matières citées doivent donc consacrer des chapitres et des horaires à l’apprentissage des questions se rapportant à la méthodologie et à la culture générale en permettant de distinguer et de raisonner. Le pluridisciplinaire La sensibilisation des masses, de chaque citoyen au respect des valeurs communes, de l’engagement à assumer ses devoirs et à respecter les droits d’autrui, voilà une tâche constante. Le civisme, l’éducation et la solidarité sont les maîtres mots du citoyen instruit et cultivé. Le citoyen a pour devoir de pratiquer ces valeurs, d’adhérer à ces niveaux, à ces principes et à des valeurs supérieures d’élévation de la condition humaine. Dans le monde actuel, on doit corriger dans ce domaine le désengagement ou l’oubli vis-à-vis des repères traditionnels, vu la perte de repères et de rapport vrai au savoir. Par l’élévation du niveau de culture et de conscience, on peut renforcer la cohésion, au service des intérêts généraux, et de favoriser le développement, sur la base d’une éducation pleine de noblesse, éveillée, lucide et logique. L’enseignement de la philosophie, de l’histoire, de l’éducation civique et des Arts, matières liées à la citoyenneté et la sociabilité, doit, notamment avoir pour but la sensibilisation de chacun au respect des biens communs et d’autrui. Un pays culturellement, économiquement, socialement développé et un peuple éduqué, tolérant et ouvert, permettent de réaliser, dans l’intérêt de chacun, une civilisation. (*) Professeur des Universités Mustapha CHÉRIF (*) |
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