LE DÉBUT DES AVANCÉES

LE DÉBUT DES AVANCÉES

Décisions souveraines

Par Mustapha Cherif

Quotidien l’Expression

06 Février 2011 – Page : 6

Tout en sachant bien que l’Algérie est foncièrement incomparable; avant le Jeudi 3 Février 2011, il faut le dire, nous étions inquiets, nous appréhendions même un scénario proche de celui de qui secoue en ce moment des pays arabes. Nous craignions l’absence d’anticipation, qui aboutisse à un processus imprévisible. Nous devinions que le temps presse, un compte à rebours. Le soulagement est réel. Les surenchères n’ont plus de raison d’être, car des revendications sont satisfaites en termes de processus souverainement engagé. Certes, nous pouvons juger les décisions comme partielles vu l’état de la société, mais l’heure doit être marquée par l’apaisement, la vigilance et l’espoir.

Décisions justes


Les décisions justes et courageuses prises, en Conseil des ministres ce jeudi 3 février 2011 dans une conjoncture internationale et régionale périlleuse, méritent d’êtres saluées. Elles nous démontrent, encore une fois, que le pessimisme ne devrait jamais avoir de place dans notre pays. L’appel à la responsabilisation et au sursaut est pour tout intellectuel une opportunité pour rétablir l’échelle des valeurs.


Il s’agit de rendre hommage à la force tranquille et intelligente de ceux qui œuvrent sans relâche, à tous les niveaux de l’Etat, afin que l’Algérie soit toujours forte et exemplaire. Il reste à tous, à s’engager pour le bien commun et de donner du sens à la vie collective dans une saine compétition. La justice sociale et le respect du droit à participer sont les mots d’ordre. La prochaine levée de l’état d’urgence, tout en poursuivant la lutte antiterroriste, la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, l’accélération de l’accès aux biens sociaux et l’ouverture des médias lourds, sont les points forts de ces décisions.


Après la politique de «La réconciliation et la paix nationale», dimension historique, non restreinte à l’aspect sécuritaire, qui reste déterminant, voilà que s’annonce le processus tant attendu de la relance de la bonne gouvernance, de la justice sociale et le renforcement des libertés. Ce début des avancées est concret. La responsabilité est collective pour changer la situation de notre pays en termes de refondation.
C’est un point de départ, une première démarche pour une paix durable par des moyens politiques et économiques. Il est clair que c’est une nouvelle étape de la vie de la nation. Cependant, d’autres conquêtes doivent être obtenues par le débat, le travail et l’approfondissement des réformes.


Dans un monde arabo-musulman figé et en grave crise, et un monde occidental s’éprouvant en impasses, l’Algérie, qui a mené la plus prestigieuse lutte de Libération nationale du XXe siècle, qui a été une polarité mondiale et a symbolisé la liberté et la dignité des hommes, montre sous une impulsion majeure, qu’elle peut de nouveau se retrouver à l’avant-garde de l’ouverture pacifique. Dans un contexte de mécontentement exacerbé, de malaise et de morosité, c’est ce que chacun de nous espérait comme début de processus pour l’élévation sociale, qui permettra, entre autres, de recomposer les classes moyennes.

Ces mesures conjuguent l’Etat de droit et la justice sociale. Notre société est fragilisée, marquée par le ressentiment, mais elle démontre qu’elle dispose encore d’atouts pour la renaissance. En effet, si la société considère que l’Indépendance n’a pas réalisé toutes les promesses de l’Appel de Novembre, fondé sur la restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes islamiques et le respect des libertés fondamentales, à compter de ce 3 février 2011, elle devrait renouer tranquillement avec elle-même.


Il s’agit de mobiliser les citoyens, par l’enracinement des pratiques démocratiques, autour de débats et de propositions qui permettent d’avancer sur la voie du développement. Des citoyens, des élites et des jeunes, qui aiment leur patrie, ne devraient plus se considérer exclus, ni s’enfermer dans le désespoir. Cette politique sociale et d’ouverture s’avère fondamentale pour l’œuvre de redressement.

Un travail collectif

L’Etat de droit, la renaissance de l’identité et le développement du pays, notamment au profit des jeunes et des classes défavorisées apparaissent comme les trois finalités majeures. C’est un déclic qui permettra de retrouver la confiance. Le peuple algérien ne veut plus souffrir, il y a eu trop de souffrances. Cette réponse globale et sage est accompagnée des outils appropriés. Le véritable pluralisme politique constructif se fera avec des partis qui concourent librement à la conquête pacifique du pouvoir.

Les élites nationales et la classe politique ont une part de responsabilité.

Il ne suffit pas de critiquer l’action de ceux qui gouvernent. Il faut que les partis présentent aux citoyens des alternatives crédibles. Un travail collectif reste à mener pour assurer l’ancrage de ce nouvel élan et la pédagogie adéquate à cet apprentissage. Inutile maintenant de s’enfermer. A juste titre, «La liberté, précise le communiqué, ne devra pas aboutir dans quelque circonstance que ce soit aux dérapages ou à l’anarchie auxquels l’Algérie a déjà versé un lourd tribut». Les lacunes perceptibles dans le mode de gestion et de développement, depuis des années, peuvent êtres résolues avec cet esprit de renouveau social et d’ouverture du champ politique et médiatique. C’est ce que tout le monde espérait, même si les plus critiques exigent plus. C’est cela le débat démocratique.

Les étapes suivantes seront plus aisées. La question du renouvellement des compétences pourra être résolue sur ces fondements. Les importantes réalisations des infrastructures de base, des barrages, des universités, des écoles, des logements, du développement durable, sont des acquis, l’élément de la concertation et du débat confèrera davantage de mobilisation.


Surtout que le souci est de forger une société du savoir et de substituer à la manne pétrolière la valeur du travail. Le projet de société en cours répondra aux nécessités sociales si les finalités seront amplement expliquées et surtout partagées. L’horizon ouvert en vue de soutenir, rassembler et responsabiliser, donnera ses fruits pour refonder la nation. Cela aura une trajectoire: lui donner l’Etat de droit pour lequel ses enfants ont payé le coût le plus élevé. L’Algérie, de par son destin historique, est ainsi en mesure et en droit d’amorcer la rupture, pour devenir une Algérie démocratique, forte et prospère.

La direction politique a confirmé sa détermination d’œuvrer pour changer le pays, c’est un acquis pour tous les citoyens. Malgré le chemin qui reste à faire, ce jeudi 3 février 2011, est porteur d’espérance pour un meilleur avenir possible. Autour de l’Etat, le peuple et ses élites sont attachés à la démarche qui change pacifiquement le système politique pour le bien des nouvelles générations.

(*) Mustapha CHÉRIF

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