Mustapha Cherif, L’invité de Setif.info en Octobre 2010

[ Pr Mustapha Cherif, philosophe, théologien et chercheur en sciences humaines et sociales

vendredi 1er octobre 2010 | Setif.Info

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Nous avons l’honneur, l’immense privilège et le grand plaisir de recevoir sur notre site comme invité du Mois, le Professeur Mustapha Cherifdurant tout le mois d’octobre.

Mustapha Cherif est un penseur soucieux de la vie en commun. Philosophe, théologien, chercheur en sciences humaines et sociales, en relations internationales, il est aussi expert du dialogue des cultures et des religions.

Docteur d’Etat ès Lettres en philosophie politique de l’Université de Toulouse, Docteur en sociologie de la Sorbonne. Professeur des Universités, notamment à l’Université d’Alger. Il a été professeur invité au Collège de France et enseignant associé à l’Université de Toulouse. Cofondateur et coprésident du Groupe d’Amitié Islamo Chrétienne en France et en Méditerranée. Il est membre des principaux forums mondiaux sur le dialogue interreligieux, de plusieurs associations méditerranéennes et internationales culturelles. Collabore comme chercheur invité aux activités de l’Institut Européen de la Méditerranée de Barcelone, de l’Observatoire de la Méditerranée à Rome, de la Bibliothèque d’Alexandrie et Directeur scientifique du Master International en Etudes islamiques à l’Université Ouverte de Catalogne. Monsieur Mustapha Cherif a été Ministre de l’enseignement supérieur et ambassadeur, représentant l’Algérie au Caire et auprès de la ligue des Etats Arabes. Il est également l’auteur de plus d’une centaine d’articles en sciences humaines et sociales, en islamologie et en relations internationales et de sept ouvrages : Livres : ” L’Islam et l’Occident, Rencontre avec Jacques Derrida “, édition Odile Jacob, Paris Novembre 2006. (Traduit et édité en Anglais, en Japonais en allemand et en Espagnol) ” L’Islam, tolérant ou intolérant ? “. Edition Odile Jacob, Paris Mars 2006. ” Orient-Occident, Jacques Berque “, avec Jean Sur, édition Anep, Alger, 2003. ” Islam et modernité “, en arabe ,édition Dar el Shourouk, le Caire, 1999 et en Français Enag, Alger 2001. ” L’Islam à l’épreuve du temps “, édition Publisud, Paris, 1991. ” Culture et Politique au Maghreb “, édition Maghreb Relations, Alger, 1989.  : Conversassions avec le Pape, qu’appelle t- on islam ? Parution à fin Octobre 2010

Source site de M Mustapha Cherif

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Questions-Commentaires (37)

2 octobre 2010, 20:47 , par faraxen :

Salam ’leykoum, bonsoir professeur.
C’est un grand honneur que vous nous faites que d’animer cet échange.

Pensez vous que les sociétés musulmanes aient certaines difficultés à vivre les phénomènes liés à la globalisation actuelle (économie et informations mondialisées) ou s’en trouvent plutôt relancées par les nouveaux moyens dont elles disposent (normalisation des séjours aux lieux saints de l’Islam, chaines satellites dédiées au ’ilm…).
En ce qui concerne la société algérienne en particulier, peut on dire qu’il existe aujourd’hui ,du fait de cette mondialisation, une offre spirituelle diversifiée dans notre pays ainsi qu’auprès des minorités musulmanes d’Europe et d’ailleurs.
Ce phénomène serait il lié à des choix libres de Musulmans en recherche d’un renouvellement de leur foi ou plutôt l’objet de stratégies extérieures de récupération (actions des réseaux évanlégiques américains, passage d’Algériens au chiisme en Europe, mouvements sectaires tels « Habacha » etc)

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je vous remercie, il est de mon devoir de rester disponible dans l’intérêt général, notamment en direction des jeunes. Comme tous les autres peuples de la planète nous sommes face à des défis complexes. Cependant nous subissons doublement, comme les autres et en tant que musulmans, car nous sommes visés par le nouvel ordre mondial et nous ne savons pas bien répondre aux défis. La mondialisation est ambivalente. Elle offre des opportunités et en même temps elle porte atteinte à la souveraineté et à l’identité. La crise est mondiale, le système dominant pose problème et les musulmans, malgré leurs atouts et potentialités, n’arrivent pas encore à sortir de la décadence. Des expériences positives existent ici où là, car quand l’accent est mis sur les ressources humaines et la formation, le développement en sera le fruit. Les chaines satellitaires arabes ne sont pas encore à la hauteur, malgré des efforts et progrès, elles sont souvent dans la tradition fermée ou l’imitation de l’Occident. Il faut innover et favoriser la circulation du savoir.


3 octobre 2010, 19:07 , par Anonyme :

Dites nous quel a été le ou les sujets de votre rencontre avec le Pape .Quel a été pour vous meme le fruit de cette rencontre et comment avez vous apprécié ces échanges ou ces dialogues sachant que les extrémistes et fondamentalistes des deux bords font tout pour creuser encore le fossé qui s’est creusé entre les deux communauté

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Un intellectuel musulman, de surcroit algérien, chez le Pape Benoit XVI est un événement inédit qui a eu un impact international. Je compris que j’étais le premier musulman à rencontrer le pape pour parler de l’islam. J’ai tenu à le rencontrer dans le cadre du dialogue interreligieux. Parler humainement, de la meilleure façon, à celui que l’on considère comme la source d’une offense est une conduite musulmane. Ce que nous avons dit fait l’objet d’un livre qui sortira en Novembre 2010 chez les éditions Barzakh. Il s’agit de ma narration de cette audience privée, en tête à tête, dans son bureau personnel. Depuis longtemps, ma préoccupation d’intellectuel musulman, d’algérien et de citoyen du monde attaché au vivre ensemble, au pluralisme et au droit à la différence, tenait à plusieurs questions qui découlent toutes d’un constat : l’Islam est méconnu, dérange et l’injustifiable sentiment antimusulman s’amplifie. L’islam, incompris et attaqué, du dedans et du dehors, c’est un devoir que de tout faire pour présenter son vrai visage. Trop d’intellectuels musulmans ont déserté la question de la religion en général et de l’Islam en particulier, l’abandonnant à des catégories qui la réduisent ou qui l’instrumentalisent. On doit assumer nos responsabilités. Je lui aie dit pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec son approche exprimée lors de son discours choquant de Ratisbonne et en même temps pourquoi, à nos yeux, de la relation islamo-chrétienne dépend l’avenir du monde. La culture civilisée de l’islam que le Prophète a légué et le souci de dénouer les nœuds et de contribuer au rapprochement entre les peuples, ont prévalu dans ma démarche.


4 octobre 2010, 23:35 , par Setamir :

Bonjour.

Un analyste de la scène politique écrit dans un journal algérien à propos des négociations « Israélo-palestiniennes » ceci : (extraits)
« Le sionisme, qui s’enlise dans une situation paradoxale de “ni guerre ni paix”, doit son existence à la perpétuation du conflit du MO dont il se sert comme alibi. Sa finalité de création d’un “État juif” — suite duquel il aurait dû être aboli — vise désormais la domination des gouvernements occidentaux, par l’infiltration, en s’appuyant sur des lobbies juifs puissants. »…..
« On comprend dès lors que le sionisme ne peut d’accommoder ni d’une paix au MO ni d’une paix dans le monde. Elle lui est antinomique car il ne peut survivre sans état de guerre, sans expansion… »
« Le sionisme est d’essence colonialiste et expansionniste. Il ne peut survivre sans ces conditions. La paix signifierait la fin de l’alibi permettant l’existence de cette idéologie et donc la “fin de mission” de toutes les organisations sur lesquelles s’appuie le sionisme pour imposer son hégémonie et une nouvelle guerre pourrait signifier sa disparition du fait du nouveau rapport de force. »
Partagez- vous cette analyse ? Si tel est le constat, que restent-ils aux arabes, selon vous, comme solutions ou actions pour régler définitivement ce conflit.

Merci.

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Les hypothèses et thèses sont diverses sur ce conflit et la stratégie des sionistes. Il est clair que la question palestinienne reste au cœur des enjeux mondiaux et du rapport islam occident. Ce n’est pas un simple conflit, il préfigure de ce que sera fait demain. Les sionistes extrémistes pratique l’apartheid, cherchent à dominer toute la région et profitent du sentiment de culpabilité des européens suite au génocide de la deuxième guerre mondiale. Un auteur juif américain parle de « l’industrie de l’holocauste » et de l’exploitation extrême de l’innommable pour en tirer profit. Les sionistes extrémistes cherchent à empêcher toute critique de la politique d’Israël et nourrissent et instrumentalisent l’extrémisme. Le sionisme extrémiste est dangereux, mais l’opinion internationale n’est pas dupe, elle compatit avec la juste cause palestinienne. Le problème est en nous, chez les régimes arabes qui n’utilisent pas les moyens pacifiques de pression pour changer le rapport de force et régler diplomatiquement cette question tragique. Cela viendra un jour avec des systèmes légitimes représentatifs des peuples.


4 octobre 2010, 23:53 , par Nasser :

Dans un article paru dans le quotidien Liberté, j’ai retenu un passage intéressant au sujet des « institutions internationales » ; que voici :
Ce sont toujours les pays riches et puissants souvent ex-colonisateurs qui en sont les initiateurs. Ces structures sont appelées instances de l’ONU, ONG et autres Unions auxquelles on établit des « règles », des « droits » et « obligations ».
Au fil du temps, des conjonctures internationales et des intérêts, ces structures ont été perverties pour devenir des auxiliaires et faire-valoir des lobbyings – associatifs à buts humanitaire, culturel, médiatique, etc. – riches et puissants qui s’organisent en monopole politique capable d’imposer leur point de vue, leurs objectifs, leur idéologie par la force souvent.
Sous couvert d’un droit international ratifié par les Etats pour se protéger des éventuelles agressions et injustices, surtout les pays pauvres dont les richesses sont convoitées, ces institutions ont été corrompues en instruments de chantage aux Droits de l’homme à la liberté d’expression et de conscience (nous voici au ’chantage à la paix’) susceptible, de « sanctions internationales » allant jusqu’à l’inculpation et l’arrestation d’un chef d’Etat même en exercice pour le cas de la Cour pénale internationale (CPI).
Que pensez-vous et quelles sont les retombées si les pays arabes et musulmans se retiraient de ces institutions ? Est-ce correcte, faisable et sans conséquences ?

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Les relations internationales ne sont pas démocratiques. C’est la loi du plus fort, les puissants de ce monde agissent souvent avec arrogance et brutalité, notamment depuis 1989, pour asseoir leur suprématie. Cependant, le monde occidental n’est pas hétérogène, au sein même des pays développés, nous avons des amis qui tentent de faire prévaloir la négociation et le droit. De plus, on ne peut pas « sortir » des organisations internationales. Il faut de l’intérieur faire évoluer les données, et cela en multipliant les alliances et en se reformant politiquement afin d’êtres crédibles.


5 octobre 2010, 21:15 , par ghafel :

Croyez-vous, docteur ,au mythe de BenLaden comme chef de file des terroristes présumés « islamistes » ou bien pensez-vous qu’il s’agit là d’un mythe préfabriqué ,un genre de cheval de Troie pour pénétrer les pays musulmans et salir l’Islam qui de répand dangeureusement pour l’Occident ,en installant une confusion aux yeux de l’opinion mondiale non avertie entre ce qu’on appelle « islamiste » (concept créé pour l’occasion ) et le « musulman  » surtout après les déclarations ,les contestations et les enquêtes de plus en plus nombreuses (Russel , Architectes américains , témoins visuels , etc…)qui tendent à rejeter la version officielle américaine sur ce qui s’est rééllement passé le 11 septembre 2001 aux Etats-unis et à privilégier le coup monté par l’administration Bush et les services secrets israéliens ?

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Tout est possible. Mais, les attentats du 11 Septembre, quelques soient leurs auteurs, ont montré d’abord que le phénomène est transnational. Ce fut pour l’Occident un traumatisme. Et pour l’Orient une catastrophe, car les attentats ont donnés raison aux propagandistes du choc des civilisations, dopés le sentiment antimusulman, déjà ancien, et déformés l’image des musulmans, alors que cela n’a absolument rien à voir avec leur religion. La théorie infâme de l’invention d’un nouvel ennemi pour faire diversion aux problèmes de l’injustice, comme en Palestine et dans le système mondial, a commencé avec la chute du mur de Berlin en 1989, mais après 2001, elle s’est généralisée. Dix ans après les dégâts sont immenses. Les extrémistes de tous bords sont manipulés et manipulateurs et peuvent mener le monde vers un désastre.


6 octobre 2010, 09:15 , par choix :

Que pensez-vous ,professeur ,du verset coranique :  » ?? ???? ??? ?????? ??? ??????? ??? ???? ????? » (??? ???? ??????)

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Comme tous les versets, il est magnifique et riche de sens. Cela signifie qu’il faut être vigilant, c’est l’appel à la prudence et à l’éveil des consciences, car les musulmans sont jalousés et visés, de par leur fidélité à leur foi, au Coran et au Nabi Sceau des prophète. Ce verset est à lier avec au moins deux autres versets, tout aussi beaux et centraux, en ce qui concerne la doctrine musulmane : celui qui stipule qu’il faut dialoguer (avec les gens du livre) de la meilleure façon et celui qui précise que Dieu n’aime pas les agresseurs. Vigilance, sens de l’ouverture et équité, telle est notre belle religion quand on la comprend bien. Salam aleikum.


7 octobre 2010, 18:47 , par Azwaw :

Bonjour tout le monde.
- Que pensez-vous de l’inquisition qui frappe les chrétiens et les musulmans non pratiquants en Algérie ?
- Pensez-vous que le monde dit arabo-musulman,peut accéder à la démocratie,à la modernité et à la liberté en rejetant le concept de laïcité ? Sachant que les seul pays musulman démocratique est la Turquie,un état laïque.
Merci Pr.

Réponse le 10 octobre 2010, par >Mustapha Cherif :

a) Il ne faut pas exagérer, le mot inquisition est totalement infondé. Il faut savoir raison gardée. La tolérance est indispensable, c’est le bon sens, la sagesse et l’islam qui le veulent. Nulle contrainte en religion. On n’a pas le droit de réprimer quelqu’un qui ne pratique pas ou qui a des idées différentes. Chacun est libre. Toute autre interprétation bureaucratique et excès de zèle sont inadmissibles. Reste en même temps à rester vigilant, car certains peuvent abuser et tomber dans la provocation. Il ne faut pas monter en épingle des faits divers isolés et stigmatiser. Malgré des crispations ici ou là, l’Algérie musulmane reste une terre de coexistence et n’est pas antichrétienne.

b) Il ne faut pas regarder le monde avec un prisme déformé. L’Occident n’a pas le monopole de la démocratie et de la civilisation, ni de la sécularité. Le progrés universel les musulmans durant des siècles l’ont favorisé. Aujourd’hui, nombre de pays musulmans sont sous developpés économiquement et culturellement, mais c’est un probleme politique et non pas religieux. Il n’y a pas que la Turquie comme pays islamique démocratique, mais d’autres comme la Malaisie, l’Indonésie, et d’autres y compris en Afrique. Il nous faut retrouver la ligne du juste milieu, ni système totalitaire , qui confond et instrumentalise la religion, ni systeme marchand, inhumain, sans morale, ni ethique , ni valeurs spirituelles. Le monde arabo-musulman a surtout besoin de bonne gouvernance, d’Etat de droit et de politique à la hauteur des aspirations des jeunes. La société du savoir et du progrès scientifique est incontournable, sans perdre notre âme. C’est un long chemin, mais on peut y parvenir.


9 octobre 2010, 12:25 , par Anonyme :

a)Un pan entier de notre histoire ancienne est « oublié »voire ignoré.Pourtant cette partie de notre histoire qui a précédé l’avènement de l’Islam en Algérie(ancienne Numidie)ou le Maghreb central pour certains est aussi riche et aussi dense .Comment vivez vous cette identité et comment la rattachez-vous au présent dans vos écrits et dans vos recherches.

b)Il ne s’agit pas de faire ici la promotion d’une religion qui n’est pas la notre mais dans le passé,saint Donna ou Saint Augustin,canonisée depuis (d’authentiques algériens),ne remplissent pas les pages de nos manuels d’histoire comme Okba Ibnou Nafe3 le conquérant venu de l’étranger .Comment pensez vous qu’on pourrait également décrisper et décomplexer l’écriture de notre histoire ,de toute notre histoire

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

- Notre Constitution est claire : Islamité, arabité, amazighité sont les trois composantes de notre identité. Nous sommes arabo-berbères, et aussi méditerranéens et africains. Il y a un lien entre notre origine antique et l’évolution de l’histoire. Certes nous avons parfois subit des dénis culturelles comme durant la colonisation, ou à cause d’excès idéologiques de courants sectaires. Mais le peuple n’est pas dupe, il sait qu’il est algérien avant tout et sait que sa dimension amazigh est une richesse profonde, plurielle et commune. Certains, par ignorance ou manipulation, ne mettent l’accent que sur un seul aspect de notre identité, ou pire les oppose, alors que c’est une symbiose magnifique qui fait le génie de l’Algérie. Une mémoire apaisée et instruite est toujours source d’enrichissement et de progrès. Unité et pluralité se conjuguent tous les jours.

- Après 132 ans de colonisation, violence inouïe que la chrétienté a accompagné, il était peut être difficile après l’indépendance de mettre l’accent sur cette partie de l’histoire algérienne ancienne. Le regard condescendant porté sur « l’islam » par des chrétiens d’abord, puis par la pensée occidentale moderniste, a abouti à ce que l’islam soit injustement interprété comme la religion rétrograde. C’est un passif dont on doit tenir compte. Mais on doit se souvenir aussi que des chrétiens ont soutenu l’indépendance de l’Algérie. On doit se réapproprier notre héritage, tous les héritages. Aujourd’hui, malgré des difficultés internationales et des séquelles, des tabous sont tombés et il est naturel d’enseigner et de parler de la période antique, avec ses ombres et ses lumières. L’Algérie musulmane n’est pas une terre antichrétienne. Reste à ne pas comparer des niveaux différents. L’impact sur notre devenir et l’immense conséquence de la venue de l’islam au Maghreb, restent sans équivalent, ce qui n’exclut pas de revisiter des pans multiples de notre riche histoire ancestrale. L’écriture de l’histoire est une question majeure qui concerne toutes les générations.


10 octobre 2010, 12:53 , par ali :

que gardez vous de votre passage au caire et que pensez vous de ce qui c est passer apres le match de foot

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Servir son pays et l’expérience diplomatique, notamment dans une grande capitale, sont un honneur, une tâche passionnante et enrichissante. L’action diplomatique que j’ai mené, surtout durant une période tragique, très difficile, à l’époque, a permis de contribuer à faire reculer la désinformation et desserrer l’étau infâme subit par notre pays, alors qu’il combattait pour la paix régionale et internationale, pas seulement pour sa propre stabilité. Tout en sachant que dans les relations internationales l’intérêt prime, des liens historiques lient nos deux pays que j’ai renforcés. J’en garde de profondes leçons. Cependant le psychodrame inadmissible concernant des simples éliminatoires pour la coupe du monde de foot entre nos deux E.N montre le niveau de décadence et démontrent que des cercles égyptiens (car il ne faut pas généraliser) ont déliré, perdu la raison et porté préjudice aux relations entre les deux peuples frères. No comment.


11 octobre 2010, 07:28 , par i :

Qu’elle est la relation entre l’islam et le sous-développement . Pourquoi avec les mêmes ingrédients qui ont fait d’un peuple de bédouins autrefois à la traîne des nations un meneur de civilisation à l’image de l ’Andalousie , on n’arrive pas maintenant à s’associer à la dynamique mondiale et surtout quand on voit toutes les nations de tous bord et de toutes religions redresser le cap de leur marche vers le développement. N’y a t-il pas quelque chose dont nous croyons et qui fausser notre manière de voir les choses indépendamment de notre degré de foi religieuse ! ?

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Vous dites vous même que l’islam a permis durant des siècles de faire naitre l’une des plus belles civilisations de l’humanité. L’homme de foi musulmane est capable de progrès et peut exprimer tous les besoins humains et spirituels de son déploiement existentiel. Cela signifie nettement que le problème n’est pas l’islam, mais des musulmans et leur comportement selon le contexte politique et historique. Nul n’est immunisé pour toujours. Les causes multiples du retard actuel et des contradictions concernent la politique, l’économique et le rapport à la science. Les despotismes non éclairés, les démagogies et les populismes aggravés par la domination du monde développé techniquement, hier sous forme de colonisation, aujourd’hui en termes d’hégémonie, rendent complexes et difficiles les voies du développement et de la préservation de la souveraineté. C’est un travail de longue haleine, de reforme profonde sur tous les plans, mais il faut s’y atteler.


12 octobre 2010, 08:14 , par Anonyme :

Vous dites que les penseurs musulmans ont déserté la pensée intellectuelle, ce qui est l’exact vérité pour laisser place qu’on l’admette ou non, à tous ces prêcheurs qui inondent les médias les plus modernes avec des messages tous plus rétrogrades les uns que les autres sur la femme (sa tenue vestimentaire et son statut social au moment où des millions de femmes musulmanes sont sur le terrain professionnel avec des grades de qualification très élevés) sur une morale sclérosée, puritaine à l’excés sans aucune connaissance réellement scientifique et sociologique des comportements humains.

Ne pensez-vous pas qu’il serait temps, si on ne veut pas aller dans le mur qui n’est pas loin, que le monde musulman en général et l’Algérie en particulier procède à une analyse objective et rigoureuse de la pensée religieuse en rapport avec le monde d’aujourd’hui, qu’il y ait enfin un mouvement de pensée qui remette les pendules à l’heure pour amender, adapter et au besoin transformer les lois et les règles pour les mettre en accord avec le siècle dans lequel nous vivons parce que le besoin s’en fait de plus en plus ressentir et que les appels et les attentes sont nombreux ?

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

- Ceux qui s’attachent uniquement à la gestuelle et réduisent la foi à des aspects rigides se trompent et trompent le monde. Ce que vous décrivez c’est en effet l’intégrisme : Une dérive, un contre –exemple de l’islam, un archaïsme social. L’ignorance est la principale cause de ces dérives, mais il y a aussi les problèmes politiques, sociaux et économiques. Les signes extérieurs ne sont pas la loi religieuse, bricolages subjectifs de la culture populiste. Des bricolages exégétiques simplistes renforcent le processus de repliement. Pseudo religiosité asservie à l’air du temps, fonction dévoyée comme mode d’intégration de la société. Un refuge, un repaire contestataire et un tremplin pour des ambitieux. Mais il y a aussi des croyants sincères qui recherchent l’approfondissement de leur foi et l’expérience intime du Divin, ce qui est fort respectable. La démocratisation, la responsabilisation des citoyens et le vrai islam celui de l’humanisme et de la civilisation peuvent barrer la route à l’obscurantisme. D’où l’importance de mettre l’accent sur la réforme de l’Ecole, des médias et de la vie citoyenne. Il ne faut ni fermeture, ni perte de repères, mais un lien entre authenticité et modernité. Car nous assistons à plusieurs sortes d’extrémismes. N’importe qui ne peut pas s’improviser en Savant théologien. Il faut donner de l’importance à cette formation afin de sortir du rigorisme.

- Les problèmes de nos sociétés sont surtout politiques et économiques. La religion dans la tête de la majorité des gens reste une foi simple et naturelle, comme l’air que l’on respire. Certes, des formes d’intégrismes sont visibles, importées du proche Orient et d’ailleurs, car ce qui manque c’est la connaissance d’un islam spirituel, éclairé et ouvert. Il faut ni marginaliser la religion, ni la réduire à une idéologie. Le mouvement se prouve en marchant, on peut respecter les prescriptions cultuelles et vivre son temps. Ce qui compte c’est responsabiliser le citoyen, l’instruire afin qu’il ne se laisse pas manipuler, par les uns et les autres. Les ignorances sont transmisses dans les sociétés par les systèmes éducatifs, des médias et des discours dogmatiques. La société a besoin d’apaisement, de considération, d’éducation et de futur. Elle souffre. Le problème majeur concerne la relation entre l’Etat et la société. Il faut que chacun s’implique et œuvre dans l’intérêt général, il y a trop d’égoïsmes et de laisser aller. Un mouvement de pensée qui change les données est en effet en attente de devenir. Cependant, un courant de pensée reste marginal tant qu’il n’est pas en phase avec le peuple et comme trait d’union avec l’Etat, et tant qu’il n’a pas franchi le seuil de l’assise socioculturelle nécessaire pour sa diffusion et sa transmission adéquate.


23 octobre 2010, 13:35 , par houssem :

bonjour pr……….Je voudrais exprimer toute mon estime , mon respect et mon soutien indefectible À l’homme et au Philosophe.Bon courage

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je vous remercie, ce type de témoignage nous encourage à persevérer


24 octobre 2010, 11:52 , par Hadj Ahmed :

Cher frère Mustapha-
je t’ai connu à Toulouse où tu faisais tes études, vers les années 74 à 76, on se rencontrait au café Saint Sernin . A l’époque où tout le monde consommait de l’alcool et personne ne priait . Tu étais le seul ou l’un des très rares à être sobre et à parler d’islam et de philosophie . En ce qui me concerne je militais, sans adhésion à un parti politique, pour la justice sociale, l’anti racisme et la promotion de nos sociétés maghrébines vers le Progrès . J’étais surtout traumatisé par la souffrance des Palestiniens .
Ce n’est que bien plus tard, 14 ans plus tard, que j’ai pris conscience que toutes les valeurs que nous défendions s’nscrivent dans le cadre et la lumière de l’Islam et de sa notion du DIEU UNIQUE (Tawhid).
Je veux te dire que tu étais en avance sur ton temps et que tu l’es toujours et à ce titre je te rends un vibrant hommage -
A chaque fois que je t’entends à la radio ou que je lis tes articles j’en sors enrichi par ta sagesse -
Ma question est : PENSES TU QUE LES MUSULMANS DEVIENDRONT UN JOUR MUSULMANS sachant que s’ils le deviennent tout le monde y gagnerait, l’orient et l’occident .
Je prie Allah le grand, le grandiose, de ne pas interrompre sa lumière sur toi et IBADALLAHI ASSALIHINE.
Je t’assure de mon affection PRIERE ET PAIX SUR NOTRE MAÎTRE MOHAMMED OUA ALIH – PAIX SUR TOI ET TOUS LES CROYANTS -

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je suis vraiment très ému te lire un tel témoignage poignant. Je te remercie vivement pour ces mots si vibrants, qui me rappellent tant de souvenirs et le chemin parcouru. Il est clair mon cher frère Hadj Ahmed (et j’essaye avec difficulté de mettre un visage sur ton prénom…je demande donc à l’administrateur du site de te transmettre mon mail personnel). En effet, avec humilité et persévérance, depuis plus de trente ans je ne cesse de tenter de faire connaître le vrai visage de l’islam, de dialoguer et d’œuvrer pour l’interconnaissance. Je suis vraiment heureux de te savoir éclairé par la lumière de la foi, comme tu sais, le Coran précise : Dieu guide à sa lumière qui Il veut ! Tu a bien raison de dire que si tous les musulmans deviennent de vrais musulmans, le monde entier en bénéficiera. Nous sommes témoins et devons sagement et raisonnablement assumer nos responsabilités pour le bien commun. Je t’adresse aussi ma duaa fraternelle, ainsi qu’a tous ceux qui recherchent sincèrement le Vrai, dignement et en respectant autrui.


24 octobre 2010, 14:29 , par Mohamed :

Bonjour ,

Vous affirmez Mr. le professeur que le problème des musulmans est d’ordre économique et politique, et que la religion n’a rien à voir avec l’état du sous-développement généralisé et multidimensionnel que vit le monde musulman. Vous en convenez, Mr. le professeur, que l’islam, en plus d’être un ensemble de croyances et de pratiques cultuelles, est un ensemble juridique avec des lois et des commandements qui touchent à tous les aspects de la société musulmane (politiques, économiques, sociaux, familiaux, etc.. ) et mêmes les aspects les plus intimes de la vie privée du musulman. Ce lourd héritage de 14 siècles pèse de tout son poids sur les sociétés musulmanes d’aujourd’hui, et n’importe quel citoyen d’Algérie ou d’un autre pays musulman, ne peut mener une réflexion libre sur n’importe quel sujet sans risquer de tomber en contradiction avec un verset, un hadith ou le consensus des Oulémas.

Ma question est la suivante : comment peut-on réconcilier l’islam, qu’on peut traduire littéralement par Soumission, soumission à la parole de Dieu et celle de son prophète, et la réflexion libre et rationnelle, quels que soient les issus où mène cette réflexion, ce qui est la base du progrès humain à travers l’histoire ? Et comment fait-on quand les préceptes de la religion sont en décalage, voire en contradiction, avec le bon sens , la science et la rationalité ? Que devrait être notre choix dans ce cas ?

Merci.

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je comprends votre souci, cependant, vous partez de prémisses, de présupposés qui ne conviennent pas pour notre religion. En islam, il n’y a aucune raison de choisir entre foi et raison. Communauté du juste milieu, il faut tenir aux deux dimensions, sans les confondre. La révélation en islam s’adresse à la raison pour l’éclairer et non pour la contredire. Aucun précepte coranique ne s’oppose à la raison, au bon sens et à la science. Des interprétations humaines limitées incultes et contradictoires peuvent aboutir à des résultats et comportements illogiques, c’est notre responsabilité de les corriger. Islam ne signifie pas soumision c’est une mauvaise traduction classique. Islam veut dire « se mettre en état de paix », islam est de la meme racine que le mot paix. Croire c’est s’installer dans lma paix intérieure, refuser de nier le vrai, Dieu, refuser l’aveuglement et les prétentions, mais avoir confiance et assumer ses responsabilités. C’est une libération et non une soumission. La foi est sensé éclairer la raison, cela ne signifie pas l’aveugler de sa lumière, mais la réactiver pour lui permettre de discerner et d’assumer sa mission, à savoir l’exercice du raisonnement sans prétention démesurée ni repli. Il ne s’agit pas de combler une insuffisance de la raison, mais de la responsabiliser et d’élargir son champ de vision. En islam, foi et raison sont deux dons qui ne se contredisent pas. Certes, la foi peut être au-dessus de la raison, mais jamais en opposition. La foi et la raison sont intrinsèquement liées, s’interroger sur la vie et le besoin de progrès au moyen de la raison est un acte naturel en islam. Le dépassement est le travail requis par l’islam pour remettre sans cesse, en question, à la fois, les prétentions et les aveuglements de la foi idolâtre et celle de la raison qui se croit suffisante. En général, la pensée occidentale moderne considère que les dogmes et principes chrétiens s’opposent à la raison, c’est leur problème pas le notre. De plus l’Occident considère que ses normes au sujet de l’individu et de la société, sont les seuls valables, alors qu’ils posent problème pour d’autres cultures. Nous avons le droit de dire : science sans conscience, sans morale, sans éthique n’est que la ruine de l’âme. Nous sommes donc confrontés à deux formes d’extrémismes : la tendance qui oppose religion et raison, et la tendance qui instrumentalise l’une ou l’autre pour des buts étroits. La question du sous développement et de l’état de décadence dans lequel on se trouve dans nombre de pays musulmans, j’ai dit est surtout dut à des problèmes politiques : de bonne gouvernance, d’éducation, de travail. Cela n’exclut pas que des pesanteurs sociologiques de la tradition fermée et superficielle soient aussi une cause. La mauvaise compréhension de la religion est une des causes parmi d’autres de nos retards. Ce n’est pas à cause de la religion en soi, puisque c’est grâce à l’islam que les arabes, les berbères et nombre de peuples, turcs , persans ect …ont connus la civilisation universelle et le progrès scientifique durant des siècles. Tout dépend en conséquence des conditions socio-historiques et de la place que l’on réserve au savoir.


25 octobre 2010, 13:15 , par espoir de vivre :

bonjour monsieur,
l’aid eladha approche et comme chaque année les musulmans de france sont confrontés à la même
problématique :
comment doit t-on faire pour efectuer le sacrifice dans les régles ?
A qui doit t-on la sadaka quand toute la famille n’est pas dans le besoin ?

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Aujourd’hui les autorités françaises dans nombre de départements font un effort pour organiser l’abatage rituel dans des abattoirs provisoires pour la circonstance, il faut agir dans ce cadre. La sadaka concerne au moins huit catégories de personnes prioritaires pour recevoir la sadaka citées par le Coran : comme les pauvres, les nécessiteux ; les voyageurs sans ressource, les personnes endettées, etc …la famille n’est donc pas la destinataire première de la sadaka, il faut faire don à toutes personnes ou groupes dans le besoin, quelques soient leurs cultures et religions. Dans des circonstances spéciales chacun doit agir selon sa conscience.


25 octobre 2010, 23:01 , par Anonyme :

Dates de début et fin du Ramadhan.

De nos jours,la science et la technologie ont évolué au point que l’en peut en disposer à profusion de ces applications et de ces moyens pour calculer et mesurer le temps.Comment comprendre que les musulmans qui ont été au sommet de la science astronomique n’arrivent point à s’entendre sur les dates du début et de la fin du mois de ramadhan ?

Adhan.

Débité tel,vous conviendrez Monsieur le professeur que le Adhan est une véritable cacophonie et une pollution sonore qui ne dit pas son nom que diffusent les sonos de centaines de mosquées voir de milliers à la fois pour certaine grandes métropoles musulmanes .On confond ici la sacralité et la nuisance sonore qui porte atteinte aux travailleurs,aux malades ,aux bébés et aux jeunes enfants,notamment le adhan matinal.

Quel est votre avis sur ce rituel et quel serait également votre opinion sur l’instantanéité de cet appel de la prière tel que c’est expérimenté par un certain pays et qui est institué maintenant car il a donné de bons résultats

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

- N’oubliez pas que les musulmans utilisent déjà aujourd’hui le calcul du temps pour les horaires exacts de prières à la minute prés. Pour ce qui est des mois lunaires, le premier croissant, hilal, de la lune, astre lumineux le plus proche de la Terre, est le repère qui rythme la vie des musulmans sur terre. La nuit du doute (la 29ème nuit de chaque mois) est une occasion pour observer le ciel et contempler sa beauté, surtout en plein été et dans les pays du Sud. Le Coran institue par exemple le sawm sur la base de la vision : « Quiconque d’entre vous qui verra le mois qu’il jeûne pendant ce mois. » Le Prophète (Qsssl) dans un hadith authentique précise : « Jeûnez quand vous le voyez et cessez le jeûne quand vous le voyez. » Il faut dépasser la polémique au sujet du calcul et de la vision. La science est objective, ont peut s’appuyer sur ses calculs. Il n’y a rien qui s’oppose à la foi. Les nouvelles générations ont raison d’exiger d’avoir un calendrier qui permette de prédire les mois lunaires avec certitude de façon globale. Aujourd’hui, des scientifiques musulmans répondent par l’affirmatif. Il y a des raisons pratiques avancées, car l’incertitude sur le début du mois peut causer des problèmes pour les entreprises, pour les administrations et les citoyens. La capacité de planifier ses activités à l’avance est indispensable. Un calendrier « instable », ne permet pas d’être utilisé par les sociétés musulmanes comme un instrument de civilisation moderne, en face du calendrier grégorien devenu planétaire.
De plus, certains aspirent à symboliser l’unité de l’Umma sur la base d’un calendrier commun et fixe, afin de célébrer les temps forts de l’Islam en même temps. Cependant, il ne faut pas confondre uniformisation et cohérence. Il ne suffit pas que le croissant soit visible et de surcroit connu à l’avance en un point de la Terre pour que le début du mois soit décidé dans tous les pays. Le décalage horaire et la position propre à chaque région ne peuvent être occultés. C’est le rapport au lieu de vie de chaque peuple, le lien étroit, à dimension humaine, à la lune et au mouvement des astres qui sont aussi déterminants. La révélation décrit les phénomènes naturels et cosmiques qui doivent faciliter le rapport à la nature et la connaissance de la marche du temps : « Ils t’interrogent sur les premières lunaisons – dis : ce sont des jalons du temps, à l’usage des hommes, et pour le pèlerinage. » (2:189) Et « C’est Lui qui a fait du soleil un flamboiement, de la lune une lumière, qu’Il en mesure en stations pour vous faire connaître le nombre des ans et le calcul… » (10:5). La vision du croissant, ru’yat-al-hilal, n’est pas seulement le moyen de compter le temps. Elle renvoie à un symbole mathal, celui du coeur du croyant qui cherche à s’illuminer de la lumière Divine, et se prépare à revivre la « descente » du Saint Coran, comme s’il était révélé à lui-même. Selon les calculs d’astrophysiciens, à qui il faut faire confiance, le croissant de lune peut être connu par le calcul à l’avance, il faut s’appuyer sur cette science. Le constat de la vision permettra de confirmer que le mois de Chaâbane par exemple fera ou pas 30 jours. Comme le souligne avec raison l’astrophysicien algérien Nidhal Guessoum : « …La solution « Kepler » consiste tout simplement à prendre conscience que l’astronomie d’aujourd’hui est non seulement capable de déterminer la position de la lune à chaque seconde, mais aussi la probabilité de son observation par l’oeil humain dans une région donnée du globe, et cela bien à l’avance. »
Il y a un charme, une dimension du mystère, à allier foi et science, que nul calcul en temps réel ne peut remplacer. La vision confirmative peut se faire à l’œil nu ou par le biais des observatoires. Si elle est confirmée, d’une manière légale, conformément aux recommandations du Prophète, les citoyens doivent suivre les autorités religieuses du pays où ils résident. Les cultures ne sont pas homogènes, il faut accepter la diversité et pratiquer la tolérance. L’homme doué de raison peut allier calcul scientifique à l’avance et confirmation de la vision à l’œil nu. L’un n’empêche pas l’autre.

- Appelez à la prière en pays musulman est un rituel fondamental. Certes, il faut que la qualité et le niveau du son soient convenables et si possible la voix du muezzin agréable, afin de ne pas heurter. Tout à fait d’accord : l’instantanéité technique de l’appel à la prière par région tel qu’expérimenté dans d’autres pays islamiques est une possible solution d’avenir.


28 octobre 2010, 15:51 , par Anonyme :

L’Islam religion révélée ,évolue au temps et à l’espace.Aujourd’hui ,par le manque d’interprétations aux rapports et aux évolutions du monde,notre religion semble figée.Comment concevez vous l’existence , la création ou l’organisation d’un « concile » mondial musulman pour permettre de donner le ton à ces interprétations où la religion ,fruit d’une évolution permanente devrait-on dire s’adapter pour qu’elle ne soit pas décriée comme étant un frein aux progrès social et civilisationnel.

Nos adversaires ou nos rivaux,ramènent notre pratique presque aux seuls effets vestimentaires et autres symboles qu’ils combattent parfois avec des textes et des lois prônant les d’interdictions ;minarets,voiles ,bourka,sacrifices de moutons etc .ceci constitue en fait un défi aux règles.Il est vrai que c’est de voire une femme déambuler dans une espèce de prison mobile ,pour ne parler que de la bourka.Quels en sont les préceptes de la religion quand à adapter un port vestimentaire qui ne heurte pas et qui va avec son temps.Le ridicule montre une nageuse musulmane en compétition officielle avec un khimar et une grande gandora.

En Europe »Hallal » est devenu un grand business ,comment concevez vous son organisation pour assurez les musulmans de manger vraiment « Hallal » étant donné l’absence de directives de contrôle à posteriori.En ce cas ,quelle serait l’autorité qui délivrerait ces agréments sachant que les mosquées où les imams y officiant ne disposent pas de laboratoires d’analyse et de contrôle de la qualité et de la nature « Hallal ».

Réponse le 31 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Tout en critiquant les aspects extérieurs des pratiques religieuses, et vous avez raison, vous vous attardez sur elles et là c’est un piège à éviter. L’intégrisme s’attache aux apparences, au rigorisme et refuse de s’ouvrir, c’est un contre-exemple de l’islam. L’attachement à la gestuelle et à des aspects qui frisent le ridicule portent atteinte à l’image de l’islam. D’autant qu’il n’y a pas de signes extérieurs de la religion musulmane. Le meilleur vêtement est la piété, taqwa, dit le Coran. Occupons nous de l’essentiel : la force intérieure du cœur et le bel agir, al ihasan.
La création d’un concile mondial islamique est impossible, à tout le moins irréalisable, même s’il est utile de coordonner l’avis des savants sur des questions d’interprétations. Il vaut mieux garder notre liberté individuelle pour interpréter selon notre conscience et préserver la diversité d’opinions. Le mouvement se prouve en marchant, la majorité des citoyens musulmans, à travers tous les continents, vit sa foi et l’époque actuelle sans contradiction. Seule une minorité par ignorance, désespoir ou manipulation s’enferme et dévie dans l’obscurantisme. Le temps joue contre les rétrogrades qui figent et trahissent la religion. Mais sans instruction, la responsabilisation des citoyens et l’sprit critique, cette minorité peut se développer et nuire. Il faut être vigilant. Pour cela reste à éduquer les jeunes à l’école au sens ouvert et évolué pour une bonne compréhension des valeurs religieuses. C’est une responsabilité collective. Evitons les extrêmes : ceux qui ont une vision fermée et archaïque de la religion, et ceux qui considèrent que la religion est aliénation. Discerner, dire et agir par la bonne parole et donnez l’exemple sont la voie du possible renouveau.
Au sujet de votre question sur le hallal, c’est-à-dire le licite, sachez que c’est une revendication légitime. Il est normal de vouloir vivre en conformité aux normes coraniques au sujet de la nourriture et d’autres aspects cultuels. Mais hélas, comme vous dites, il y a trop d’ignorances, d’interventions et d’instrumentalisations à des fins étroites. C’est à ce niveau que doit se mettre en place des instances légales et scientifiques pour contrôler et normaliser. Travail de longue haleine, mais il a commencé.


30 octobre 2010, 00:18 , par yolanda :

Monsieur le professeur , permettez_ moi de vous adresser mes plus grands hommages accompagnes de mes respects avant de vous poser ma question et vous remercie d avance pour la reponse que vous lui reserverez : voilà , je me suis toujours demandée pourquoi qu au niveau des mosquees les preches sont donnés trés souvent sur un ton agressif les imams dont je parle ne mettent pas la douceur voulue sur les paroles écrites par le tout puissant ( qui sont tres profondes et tres belles …) car aprés tout , dans les moments de preches , ils sont sensés apporter un réconfort spirituel une certaine paix dans l esprit des fidèles qui les écoutent et qu ils ne soient pas génés ou exacerbés par leurs cris , d autant plus que leurs micros ne toujours pas réglés convenablement ceci d une part et d autre part ,je vois que dans les mosquées les imams n abordent pas les sujets de l heure les problemes d actualité ceux qui sont vécus de nos jours qui gangrennent la société ; il est vrai qu à l epoque du prophète c etait les sujets du jour qui se discutaient et auxquels on trouvait la solution en s appuyant sur le coran ors de nos jours on passe sur les sujets tabous pour ne pas en parler ou alors on s attarde a dire ce qui s est fait ou passé à telle ou telle epoque de l islam je pense que presentement les problemes sont différents dans leur approche et dans leur mise à jour et de ce fait il y a urgence peut etre à revoir la teneur des interventions par les imams en appelant les choses par leur noms afin que les messages soient clairs compris et SURTOUT TRANSMIS ET EVIDEMMENT APPLIQUES TELS QUE LE PRESCRIT LE SACRE CORAN POUR DIMINUER SI CE N EST PAS ERADIQUER LES FLEAUX SOCIAUX ET REMETTRE LES GENS DANS BONNE VOIE IN CHALLAH WA ESALAMOU ALAIKOUM .

Réponse le 31 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je vous remercie. Vous avez tout à fait raison. En effet, un certain nombre de prêches dans les mosquées sont choquantes, données sur un ton agressif par les imams. C’est en totale contradiction avec le Coran et la sunna du Prohete qui demandent de parler avec sérénité et douceur, y compris à notre adversaire. C’est un problème de forme et de fond, lié au faible niveau pédagogique de ces imams qui crient et font peur. Il faut que les fideles osent protester, poliment et pacifiquement, afin d’attirer l’attention de ces prêcheurs agressifs pour qu’ils changent leur méthode négative. Quant aux problèmes d’actualités, ceux qui sont vécus de nos jours et qui, comme vous dites, gangrènent la société, les imams en parlent parfois, en termes morales : la corruption, la violence sociale, l’incivisme, l’égoïsme, la cupidité…etc. Sans doute pas assez dénoncés, mais cela doit se faire dans les limites spirituelles et culturelles car la mosquée ne doit pas être un espace politique. La mosquée, comme l’école et le média peut contribuer à prévenir, corriger les maux sociaux et éduquer. La teneur des interventions par les imams est laissée à leur appréciation, leur tutelle leur propose seulement des sujets. Cela respecte leur liberté, mais ouvre la voie à des discours parfois rigoristes, perverties et faibles. Il faut donner des repères, trouver le juste milieu et s’assurer que les lectures liées à des approches importées, fermées, idéologiques et déraisonnables ne soient pas de mise, afin de respecter l’islam de toujours, savant, sage et civilisée, sur la base de l’école exégétique de l’Algérie celle de l’imam Malek et des exigences de notre temps. Incha-Allah.


31 octobre 2010, 16:36 , par Mustapha Cherif :

En ce 31 Octobre , mois où j’ai eu la joie de répondre aux questions des internautes je dis à tous heureuse fête de la commémoration historique du 1er Novembre ! Tout intellectuel algérien, quelque soit sa lecture, ne peut que se ressourcer au Message fondateur du 1er Novembre 1954. La Révolution est une venue au monde d’une nation, l’Algérie ne fait pas exception. Rien ne serait plus indigne, en termes de fidélité, que d’ignorer les acquis et les échecs qui ont eu lieu pour affronter la marche du temps. D’autant que toutes les promesses de l’indépendance ne se sont pas réalisées. Chaque génération doit assumer ses responsabilités. L’intellectuel doit sans cesse éveiller les consciences, aider à l’unité, au rassemblement et à la formation d’une Nation apaisée, traversée par le souffle de l’être commun.Il faut la force de la passion du pays, il n’y a rien de plus beau. A bientôt et merci à toute l’équipe de Setif.info !!!

Mustapha Cherif

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